lundi 2 avril 2018

AF0007 - 2 avril : passer au dessus

Messieurs mesdames,
gens gentes,
levons nos verres à Blaise. Baissons nos verres.
Remplissons nos verres. Buvons encore.

Blaise est là, fulgurance où il n'a jamais été, son verbe aussi, comme jamais, filigrane sur le palimpseste de la ville.
Me voilà à une table où l'on cause comme ailleurs, mais différent. Le propos n'est pas particulièrement plus sacré qu'un autre. Y siègent les convives qu'il faut, jeunes et vieux, de beaux, d'autres chiants. Qu'on dise la hazgadah ou l'horoscope, c'est égal. La soupe est bonne ! Mangeons la matsa et le harosseth, car il faut.
C'est aussi une forme d'hommage.

C'est la table de pessa'h, quelque part dans le plus grand, le plus beau ghetto de la ville.
Il n'y a pas si longtemps encore c'était une toute autre table, un ailleurs. Nous étions partis pour dévorer l'agneau, zroua ou sacrilège, à bonne dent. Avions trouvé visages fatigués et gargote pas fameuse, laissant les voitures respirer dehors à grand coup de radiateur.
Ce brouet fut haror. Avant même d'y goûter, un gars s'offrait toutes les marchandises qui sommeillaient dehors.
Sacs, sacoches, manteaux.
Provisions, jeux. Stylo, carnet.
Même les caleçons. Surtout les caleçons !


C'est comme ça, ya les bouzins qu'on perd, ces autres qu'on casse,
celui-là a filé, kidnappé, pendant ce simple repas d'autoroute.
Voilà comment, un jour, il fallut partir, encore!, apprivoiser un nouveau compagnon des virtualités.

Dans ce projet quelques spectres, beaucoup d’écueils.
Projet vague, projet persiste, cependant. Projet singulier, bien personnel.
Voilà qu'un formidable silence se fait. Gagne, partout grignote.
Mutisme absolu qui devient inflexion en soi : renouveau par le vide.

Advient la nuit. Dans cette ville la nuit éclate de lumière. Le sol gronde, la fureur plus encore. Au terminus du train quelques éclats encore, puis voilà ma chambre. Petit carré de silence et radiateur bouillant que je renonce à modérer.
Advient la nuit, échappent les songes par la fenêtre entrouverte.
Grande impermanence de l'être et de l'objet.

Tu perds tout dans l'abandon du sommeil, croyant encore au réveil salvateur.
Au réveil... Quel réveil ? Au réveil c'était encore moins ça, un peu le même mais tout défait de vieillerie et xylocéphalées...



Au réveil la ville est là, qui jamais ne dort. Frustre, frustrée, frustrante, impermanente ! Toujours elle, croissant en hauteur pour échapper aux doutes. Bruisse et gargouille, encore, comme une tripe de mourant. Rien saine.

A la fin il fallut rentrer, l'ordinateur n'était toujours pas là. Sur la hotline aucun dieu ni prophète qui réponde à mes cris malgré tous ces holocaustes. Crachant par terre et maudissant tous les saints, j'ai dû invoquer quelques malins pour qu'enfin Il Advienne.
On est repartis, cahin caha, alors ce repas à terminé son transit dans l'intérieur extérieur. Libérés des dieux et démons la machine et moi avons regagné Paris. C'était déjà presque l'avant printemps...

___
Déjà un bruit immense retentit sur la ville.
Déjà les trains bondissent, grondent et défilent.

Les métropolitains roulent et tonnent sous terre.
Les ponts sont secoués par les chemins de fer.

La cité tremble. Des cris, du feu et des fumées,
Des sirènes à vapeur rauques comme des huées.

Une foule enfiévrée par les sueurs de l’or
Se bouscule et s’engouffre dans de longs corridors.

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