mercredi 25 avril 2018

AF1082 - 25 avril : direction incertaine du majeur pointé

voilà un personnage
ce serait notre héro
le personnage ni ne bouge ni ne grandit
rien progressé depuis jamais, pas incarné, ni esquissé : le personnage n'existe pas
pas plus l'espace qui l'entoure, la quête qui l'occupe, la direction qu'il cherche
il n'y a qu'un grand tourment de verbe et beaucoup de vide autour
un fort courant du désir, mais quelle carnation ?
l'animal est un mythe je me demande ce qu'elle y met
le sujet en est un autre, le même, je me demande toujours
toujours : mais quoi ? S'il n'y a que ça, personnage / animal / sujet sont condamnés
vite tresser un chandail trop grand, il faut: englober les trois, il faut: saisir la matière qui n'y est pas vraiment – où est le sujet ? Enfui le héro, il y a quelques lignes il était là encore, déjà insaisissable, le dogme du réel se dégonfle en virevoltant dans la pièce
c'était vous
c'était moi
c'était l'idée que nous avons eue, un jour, qu'il faut taire jamais
essaie de penser à autre chose, figure-toi l'impossible : une bière, une quille de rouge, à la limite
PAS UN HOMME
PAS UNE MÈRE
dans l'horloge, rien de rien
la réparation n'aura pas tenu
plus personne, ni personnage...
___
On court se jeter dans le grand déversoir où viennent se défaire, se nouer, les rails, les routes, les rencontres, une vraie ville, des lieux publics, enfin, où le hasard bat les cartes. Des rues que personne ne tient, des cafés irresponsables...

jeudi 19 avril 2018

Espace modèle 5 - 19 avril : le temps perdu

ma pauvre amie est si esseulée,
elle est toute nue, n'a pas de mots...

A la recherche du temps à perdre on a roulé, roulé, trouvant bientôt le temps long, le temps vrai, l'infiniment étiré, interminable et trop assis. Couché en un long ruban infini, lisse et offert, qu'on explorait de flash en flash sans jamais décélérer
moments insupportable sinon comme ça, l'un l'autre, sa main dans mes cheveux, instant fragile.

Fragile aussi l'écheveau des lettres, ce mot, cet autre.
Ce qu'il faut de vide et de calme avant qu'ils ne poussent dans le silence, se structurent et partent enfin s'égayer, souvent en vain, trop souvent!, dans l'espace entre les êtres, ce recoin bien oublié du repli cortical, ou cet autre d'une page jamais bien vue.
La vie à côté ce serait du luxe, un truc d'une résilience inouïe, pullulement persistance même dans le trépas, surtout dans le trépas...
Cependant dans le cadavre drosophile et asticots sont une évanescence. Ravissante pourriture, tout bourgeonnement, pleine effloraison du verbe

alors après qu'on a
dormi, redormi.
Aimé encore et again.
Chaud, froid, bien, toujours.


Certains mots idées virus ne sont pas en reste, naissent sans qu'on sache vraiment et plus jamais ne reposent, vont bondissant, d'une bouche à l'autre, croissent en raison géométrique
voire presque : exponentielle
merveilleuse pourriture !

Ce silence, la fin des mots, c'est ptète aussi un terme à la corruption des idées. Le terme de ma perversion, ou sa transmutation vers un autre genre de violence ?

A chaque extrémité du voyage, deux antithèses. 
Calme absolu, ville pleine. Tout le reste n'est que régulation de vitesse, flash, restriction encore. Les procès verbaux attesteront de cette parenthèse de bien-être. Il ne resta qu'à bénir le lieu, et notre hôte.

lundi 2 avril 2018

AF0007 - 2 avril : passer au dessus

Messieurs mesdames,
gens gentes,
levons nos verres à Blaise. Baissons nos verres.
Remplissons nos verres. Buvons encore.

Blaise est là, fulgurance où il n'a jamais été, son verbe aussi, comme jamais, filigrane sur le palimpseste de la ville.
Me voilà à une table où l'on cause comme ailleurs, mais différent. Le propos n'est pas particulièrement plus sacré qu'un autre. Y siègent les convives qu'il faut, jeunes et vieux, de beaux, d'autres chiants. Qu'on dise la hazgadah ou l'horoscope, c'est égal. La soupe est bonne ! Mangeons la matsa et le harosseth, car il faut.
C'est aussi une forme d'hommage.

C'est la table de pessa'h, quelque part dans le plus grand, le plus beau ghetto de la ville.
Il n'y a pas si longtemps encore c'était une toute autre table, un ailleurs. Nous étions partis pour dévorer l'agneau, zroua ou sacrilège, à bonne dent. Avions trouvé visages fatigués et gargote pas fameuse, laissant les voitures respirer dehors à grand coup de radiateur.
Ce brouet fut haror. Avant même d'y goûter, un gars s'offrait toutes les marchandises qui sommeillaient dehors.
Sacs, sacoches, manteaux.
Provisions, jeux. Stylo, carnet.
Même les caleçons. Surtout les caleçons !


C'est comme ça, ya les bouzins qu'on perd, ces autres qu'on casse,
celui-là a filé, kidnappé, pendant ce simple repas d'autoroute.
Voilà comment, un jour, il fallut partir, encore!, apprivoiser un nouveau compagnon des virtualités.

Dans ce projet quelques spectres, beaucoup d’écueils.
Projet vague, projet persiste, cependant. Projet singulier, bien personnel.
Voilà qu'un formidable silence se fait. Gagne, partout grignote.
Mutisme absolu qui devient inflexion en soi : renouveau par le vide.

Advient la nuit. Dans cette ville la nuit éclate de lumière. Le sol gronde, la fureur plus encore. Au terminus du train quelques éclats encore, puis voilà ma chambre. Petit carré de silence et radiateur bouillant que je renonce à modérer.
Advient la nuit, échappent les songes par la fenêtre entrouverte.
Grande impermanence de l'être et de l'objet.

Tu perds tout dans l'abandon du sommeil, croyant encore au réveil salvateur.
Au réveil... Quel réveil ? Au réveil c'était encore moins ça, un peu le même mais tout défait de vieillerie et xylocéphalées...



Au réveil la ville est là, qui jamais ne dort. Frustre, frustrée, frustrante, impermanente ! Toujours elle, croissant en hauteur pour échapper aux doutes. Bruisse et gargouille, encore, comme une tripe de mourant. Rien saine.

A la fin il fallut rentrer, l'ordinateur n'était toujours pas là. Sur la hotline aucun dieu ni prophète qui réponde à mes cris malgré tous ces holocaustes. Crachant par terre et maudissant tous les saints, j'ai dû invoquer quelques malins pour qu'enfin Il Advienne.
On est repartis, cahin caha, alors ce repas à terminé son transit dans l'intérieur extérieur. Libérés des dieux et démons la machine et moi avons regagné Paris. C'était déjà presque l'avant printemps...

___
Déjà un bruit immense retentit sur la ville.
Déjà les trains bondissent, grondent et défilent.

Les métropolitains roulent et tonnent sous terre.
Les ponts sont secoués par les chemins de fer.

La cité tremble. Des cris, du feu et des fumées,
Des sirènes à vapeur rauques comme des huées.

Une foule enfiévrée par les sueurs de l’or
Se bouscule et s’engouffre dans de longs corridors.