vendredi 28 janvier 2011

AF 5559 - 26 janvier : Cuire un oeuf

Clair net sans bavure,
le blanc ne doit être ni baveux, ni rouge, ni vert
plutôt blanc en fait, comme le fond de l’œil plutôt et le regard : droit.

Oui, j'ai bien raté un ou deux avions, soit,
deux ou trois œufs, d'accord, peut-être
oublié quelques documents, j'avoue
mais l’œuf ! les œufs ! eggs ! huevos !...


Voici une catastrophe haletante, en deux chapitres (qui seront, sans grande surprise : l'aller, et le retour). D'abord (avant même le chapitre 1, comme un prétruc) on ne marche pas tête en l'air dans un couloir pentu non éclairé avec des escaliers lacets décousus chaussettes dépareillées
cataclop, cataclop, et bien sûr : cata, il manque un document. Alors le PAX en révolte se cambre, résiste, BA1301, BA306, envisage, renonce, finalement c'est un Embraer RJ190 qui galope, se cabre se jette très fort contre les nuages. Ah, et il faut de l'eau chaude aussi, dans les 100°C, 80°C au moins. Et la protéine, à 57°C, baoum!


Toujours décousuement donc 2 avions, 1 lieu, 3 RER, 4 taxis plus tard (c'est le chapitre un) revoilà cette porte (qui présente déjà la fin du voyage). Ma porte ? Quelle porte, cette porte que j'ai voulu unique, et pleine de clefs partout autour, une pour chacun, une à chaque heure.
Une porte, une planche de bois avec un trou, forcément. Une porte, une planche, cornière, barre de seuil, huisserie, serrure, gond, blindage. Et la peinture, il ne faut pas oublier la peinture.
On va dire qu'une huisserie de porte c'est un pléonasme. On dit huisserie et cela désigne la porte dans sa globalité, c'est à dire le bloc porte (l'encadrement) et le vantail (le panneau de la porte).
Un filet rouge sanglant à l'horizon, l'avion galope (c'est le chapitre deux), atterrit, repart, et la vie change à petites gorgées de Guiness. Enfin, on suppose, on l'espère. Et la Guiness change un peu aussi, pendant que l’œuf continue à cuire, est-ce que j'ai bien éteint la lumière des toilettes ?

Je me remémore les gestes, premier code deuxième code 123 marches clef porte serrure interrupteur, non ? Dans le doute, et parce qu'ici pas mieux qu'ailleurs, et pour retenter le coup de l’œuf, je monte à nouveau dans l'avion.
Un navion.
Désormais le dernier endroit où être vraiment injoignable, c'est la règle, jusqu'à l'arrêt à notre point de stationnement, dernier endroit où cacher chameau chaussette portefeuille, idées évanouies
Où trouver un point fixe ? Où jeter l'ancre ? Quand faudra-t-il dire : je m'arrête ici et non là; ceci me plaît et non cela ? Tout me plaît, rien ne m'arrête, comme un marin qui, de port en port, fait le tour du monde, toujours déçu, toujours désireux de la prochaine escale.

Du début à la fin avant après
et encore maintenant reste ce mystère
je suis et je me demande encore, pourquoi.

mardi 25 janvier 2011

AEA 1037 - 23 janvier : A step backwards

1. Mise en évidence de la dualité

Sur la porcelaine blanche vitrifiée de ma mémoire, rien qui subsiste !
des grandes tours infâmes
de la costa del sol sous chape de plomb
de ce voisin de chambrée
il m'offre un beau paquet d'herbe sèche
puis se lève, toutes les heures? quelquefois
sans contenir le vomi dans ses mains
la drogue faisait son petit travail de galerie
de ces tapas jamais mises -nunca puestas-,
sur mes consommations...


Malaga est un petit village de pêcheurs
qui a prospéré
on y mange bellota, bacalao, jabugo, olé, olé !
Il s'y vit de petites existences totalement étrangères, andalouses,
on y croise même une femme qui semble un spectre du passé, mais j'ai oublié de me souvenir depuis bien longtemps 

2. Interprétation de la dualité
Au sommet au faîte au Gibraltaro ils ont planté un belvédère
l'oisif vient y penser le non-sens de sa présence ici
ici, comme à Londres, comme à Athènes,
ici, on se déshabille presque à la tombée du jour
il y a des vagues, et j'ai touché un hostal 
où brille l'étoile unique.


J'ai beaucoup rêvé d'arriver seul dans une ville étrangère, seul et dénué de tout. J'aurais vécu humblement, misérablement même. Avant tout j'aurais gardé le secret. Il m'a toujours semblé que parler de moi-même, me montrer pour ce que j'étais, agir en mon nom, c'était précisément trahir quelque chose de moi, et le plus précieux. 
3. Expérience des fentes de Young

Petit soucis de syntonisation, dans un bourdonnement
d'harmonies perdues sur l'écran neigeux
une figure d'interférence amère se dessine
et je devine. Entre deux disparitions sous un ciel gris splendide, quelques malagaches un peu moches, décidément vulgaires, leurs cuisses gainées bien court, de noir, de blanc, de fleurs aussi, avalent des tapas de poulet a la plancha
 
Lors du voyage deux vagues d'euphorie formidable me font tourner bête
me voilà parlant à un poteau, tout sourire -alors vieille branche?-, jouant au foot avec des escargots, entamant une revue de détail des schémas de la pensée, butée dorsale - cache trou - capsule de guidage - levier petit débit - flotteur, tout y est pour lancer la morsure d'un an neuf, année nouvelle, euphorie ?

celle du premier contact avec la ville, avec la langue
celle du 1er pied dans l'aéroport de retour
zone neutre
promesse d'échappée
retour imminent
tu montes, chéri ?


Je suis monté. Revoilà Paris !

vendredi 7 janvier 2011

AF 3871 - 4 janvier : AU REVOIR, et à bientôt

C'est le retour
en équilibre, sur la ligne verte, un bras de chaque côté au petit trot et direction : porte Maillot. 
Son hôtel de charme, ses commerces, restaurants et... Paris.

C'est le retour,
il faudra bientôt repeupler le portefeuille, ses cartes papiers divers bons inutiles pièces du légo social tickets périmés : n'ont qu'à bien se tenir.

A cette occurrence, il n'y a plus d'eau chaude alors j'ai gardé
le sable et le sel
les minéraux du sous-sol de la corne
encore un peu

Était-ce Berlin!!, non, Amman!, non?...
C'était un 4x4 sélecteur bloqué essuie glace en perdition buttant sur tous les obstacles, avec joie! Et le retour. Et ce retour cette table cet œil ces verres cassés odeur entêtante du Lys, fracas du four...

Me voici rendu au tarmac. Brouette de bonnes résolutions. Impaludé en diable. Et pas un appel : zéro signal, juste le silence

N'as-tu pas le goût des surprises et des découvertes ? Rien n'est plus dénué de surprises, plus ennuyeux, que les pays qu'on crée soi-même. Laisse-les te faire, te surprendre, t'emmener en inconnu. Celui qui se cherche ne trouve rien; Celui qui se cherche cherche quelqu'un d'autre que lui-même en lui-même.

...Plus tard la ligne rouge me ramène dans les frontières
Paris est encore là, mais quelque chose a changé


Pourtant j'aime beaucoup
cette ville
ces visages, le RER,
j'y regarde une blonde juste belle comme ça
elle, sentant les rayons, en lève deux gros au ciel,
pschiiiit qu'elle fait, va-t-en, vilain cabot, pas les doigts!  
Telle la vrai parisienne, un peu jolie, complètement étanche
 
Telle la frustration, en jus concentré qui te remet dans le costume, confisque le sourire, l'envie de tuer est forte je sens la présence rassurante du tube de dentifrice dans ma poche, arme improbable..., peut-être en visant les yeux, la nuque ?...Ooooh, je l'aime...
Nous nous frotterions la panse, sous l'eau, dans les frigos, dans les fours et au piment, dans le sens des écailles
la fouta coincée entre les dents
et alors j'esquisserais quelques pas de danse, avant de mordre la chair


Puis il y eut la sonnerie automatique des portes.  
Up you stand.

Elle dit : "Il y a ce moment du voyage."

Il y a ce moment du voyage
où le temps linéaire s'enroule en tourbillon sous les dards que le soleil nous vaut.
Le temps tourbillonne, les dards nous valent. Le soleil. En pointillé dans la poussière, jongle, le temps : cesse. Le moment le voyage le dard s'arrêtent. Rien.
Alors allongés dans la poussière on admire un drapé de femme, la musique des cris alentours, les saveurs mêlées de café et d'encens.
Ça rumine du Qât. 
Plus rien ne se passe.
 
Au dernier jour, prêt pour le service, la ligne d'horizon était pleine de requin baleines waving un AU REVOIR, et à bientôt frustrant comme une blonde, juste ce qu'il faut pour nous garder envie.

D'ailleurs,
Elle dit : "J'ai encore envie."


Le dentifrice introuvable, et son prix si variable, la Pétromax dépressive, visible partout, en vente nulle part, et cette cuisine, infiniment, au ventre mou

- On reviendra célastracer ? S'élenlacer ?
- Oui, Marianne !

Je la vois assez l'enlacer, et lui de liane en liane,
Pousser son cri en volapûk, du coté de Pamanbuk
Et moi Chita le singe, qui leur cavale au cul dans la savane.