vendredi 17 juin 2016

TO3153 - 17 juin : règne de l'hexapode

Chaque expérience que nous avons est vibration, 
apparaissant à travers le prisme du corps émotionnel. 

L’incipit est un délire qui s'intitule : everything is love (in distortion).
Fond noir, source diffuse, fondu au blanc : le monsieur Brown apparaît trois quart caméra, cadré au buste. Tout est amour. TOUT est amour ? TOUT EST AMOUR.
Ton postulat de non-amour m'est revenu. Je t'envoie la vidéo.
Ne la juge pas, sinon tu passes à côté. Ou jette la.


Regardant en boucle, bavant, grognant, tapant du poing... Une serpe n'y suffirait pas, un immense feu le contiendrait à peine, quelle arme définitive pourrait bien venir à bout de ce néant dialectique ? 
"Mais la source, le vibratoire, 
est toujours le point causal, même dans l'ignorance."
...Un cadeau pareil ne se jette pas. 
Il se cuisine à l'arme chimique ! 

Pas plus que les petites, cette grosse bête ne doit pouvoir échapper à nos nouvelles recettes. Terre de diatomée, pistal, acétate de linalyle...
Ou jasmoline, pyréthrine, cinerine. Perméthrine !
Tiens ? Sang chaud, sang froid, tout n'est plus dieu ? Tout n'est plus amour ? L'existence du génie neurotoxique devrait suffire à clore la discussion.
Le pipéronyl butoxyde à 6% n'est pas causal.
Le géraniol à 2,5% n'est pas amour.
En cas d'impermanence ou de doute, on applique le pyrèthre directement. Voilà enlevés jusqu'aux désirs d'être et de paraître. Que tous en prennent ! 


Sous l'effet des chimies, les petites bêtes se contorsionnent.
L'homme pas moins intoxiqué ondule aussi, un peu plus compulsif chaque fois. 
Les mouvements deviennent saccadés, la crainte se change en haine, chacun des doigts trouve un insecte à écraser, le sol n'est plus qu'une soupe d'hémolymphe, un carnage de chitine en vrac... Et l'amour ? 
Exterminé avec l'orateur, jusqu'à ce que de ce bouillon de cellules anthropoïdes et mammifères surgisse, miracle, une espèce nouvelle, superbe mugwump ou mille-pattes improbable surgi de la fiction pour s'accoupler avec l'homme nouveau.



Passe une nouvelle période d'incubation...
D'une fissure dans le mur resurgissent des antennes. 
Voilà notre progéniture, l'idée noire faite corps, pire carnation de nos pathologie. Elle est légion, partout répandue, dans chaque mur, chaque interstice. Il n'est bientôt nul refuge, pas de rue, aucun songe qui en réchappe. 
Alors que la masse anthropoïde mutante saute, se contorsionne, appelant, réclamant à nouveau son géniteur et ultime prédateur, le mot amour prend enfin sens. Ces enfants chéris ne se sacrifient, en fait, que pour exorciser ces images qui nous hantent.

___
Les maladies sont. Nous ne les faisons, ni ne les défaisons à volonté. Nous n'en sommes pas maîtres. Elles nous font, nous modèlent. Elles nous ont peut-être créés. Elles sont propres à cet état d'activité qui s'appelle la vie. Elles sont peut-être sa principale activité. Elles sont peut-être une des nombreuses manifestations de la matière universelle. Elles sont peut-être la principale manifestation de cette matière dont nous ne pourrons jamais étudier que les phénomènes de relation et d'analogie. Elles sont un état de santé transitoire, intermédiaire, futur. Elles sont peut-être la santé même.

samedi 4 juin 2016

AF755 - 4 juin : parenthèse

Où est le soleil? 
Dans une valise dans une cave dans une rue dans un caniveau? 
Dans une poche dans une verre dans un sexe? 
Lundi gris. Paris un jour, Paris toujours. 
Il bat la mesure du temps en suspens.

ils auraient pu laisser la porte de l'avion entrouverte, donner place même juste un tout petit poil à un mince filet d'air et d'espoir, mais c'est fermée bien fermée, armée vérifiée qu'on est parti vers l'espace et au-delà,
comme le schtroumpf astronaute voyant les nuages à la Gondry et tout l'équipage sautant sur les ailes pour faire comme si, j'aurais pu me rendre compte de la supercherie, mais non, porte fermée, sommeil sommeil et à l'arrivée vous aviez tous changé, grimé les visages, la peau sombre plus sombre encore, les rues la ville rien n'était plus semblable.


alors voilà. je suis là où, sans raison je suis. à cause de rien, à cause de tout. besoin de partir sans nécessité. envie de filer sans désir. manque de désir, longue journée de rien, de simple : de retraite. on prend soin de moi. je prends également, de moins en moins patiemment, mais aussi.
passent ainsi des jours, grand train, sans même lire ni prétendre rien. c'est comme se découdre, doucement. les boucles sautent, à peine un petit bruit, pendant que Paris se vide sans crier gare, ni centrale, ni rien.



ici plus qu'ailleurs rien de rien n'oblige à rien
ni ce qui précède, ni ce qui suit
ni la question, ni la réponse
dans cette chambre d'hôtel pourrie, celle-là, ou une autre, pas plus ce temps du voyage qu'un autre, ne s'impose. à l'être conscient aussi élevé soit-il, seuls importent la température et l'hygrométrie.
tout le reste n'est que moral : inutile.
il faudra pourtant donner un beau récit de ce pays. on dira raconte, raconte, voudra une part du rêve, quelque paysage merveilleux. je raconte ? Allah était grand, il a bu dansé trop fort ce jour là, c'était un vrai bazar. du coup des hommes en pantalon, chaussure. des femmes sans oreilles. la Cause trop partout, et une condition entre extase pleine et misère entière.



frotter imaginaire et réalité, à quelle fin, aussi ! 
voilà pour toi, leçon gratuite, petite claque du réel. car tout n'est pas conforme, jamais rien ne supplante l'abolition du verbe et du mouvement. dans cette immobilité d'avant la crampe je pressentais déjà le fourmillement de la procession à venir. fallut laisser là tous les amis neufs, le pays sa modernité sa misère ses contradictions, rentrer, quoi. pour découvrir bientôt qu'aux mots non advenus se substituait un grouillant empire parasite...

le repos absolu n'existe pas.
tu sais je sais nous savons.
depuis toujours nous le savons.
___
homme approximatif te mouvant dans les à-peu-près du destin
avec un cœur comme valise et une valse en guise de tête
buée sur la froide glace tu t’empêches toi-même de te voir
grand et insignifiant parmi les bijoux de verglas du paysage