le jour se levait
le jour se couchait
on m'a dit : regarde
regarder n'est pas agir
le terme a précédé ma pensée
Pas encore gagné par la frayeur des frontière, je franchis encore celle-ci, puis cette autre
Simple picotement, la fièvre déjà instillée initiait alors son petit travail de sape
Byriani, chantier, hommes. Tous ces destins, tous ces échecs.
Tous ces lendemains effacés, additions jamais posées !
On a lâché le dernier paquet, dernier homme, dernier bord
puis filé - loin plus loin et sans retour. Jamais !
Celle de la fin de chantier, celles de l'alcool, toutes les fièvres combinées me frappaient doucement la caboche. Alors la formidable intoxication attrapée rue Preah Ang Duong a bouclé cette balade.
Désormais plus même foutu d'acheter un billet retour, inconsolable paumé, je commençais à craindre l'impossible frontière. L'année commence malade, finira sédentaire. Sans plus bouger de ce lit, de ce chiotte, de cet hôtel, il faudra juste attendre un an, égrener tranquillement le décompte des mois.
Un jour ce sera décembre dans quelque ailleurs et tout restera à faire : boucler l'année, pécher quelques mots, évoquer ce temps, ces frontières...
Alors que je rêve sonnerie électrique des portes, feulement du train au terminus, parachèvement, chaque gorgée de chaque verre, chaque rêve de chaque nuit annonce le vertige du temps qui vient.
Comme ici avec Grégoire, il faudra bien des bouteilles sans fond, bien des gorgées sans fin. Pleine année de mutisme qui n'en finira pas. Je m'illusionne, espère encore boucler ça d'un coup d'effaceur magique, sans plus de nuits d'hôtel, ni bar, point d'ivresse : juste makache, grand formatage !
Mais non. Ce ne seront que banalités à peine épistolaires, flacidités d'usage, poire pour la soif, tchao.
On entendra la musique, pieds tanqués loin des danseurs. Verrons quelques paysages, comme subis par la rétine. Gardant ce fruit en main je veillerai à ce qu'il pourrisse jusqu'à s'écouler entre mes doigts ! Un courant d'air emportera cette noble pourriture...
Un retour droit dans un sommeil sans rêve.
Le policier aux frontières me fera une dernière bise.
Au giron du faubourg les Sabines veilleront, strictement immobiles.
Derniers détails. Cerise confite et auriculaire tendu : santé !
Sidération du rendu à la vie
tout sonné, godillots encore plein d'un fond
petit poisson, perdu là
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