vendredi 6 juin 2014

AF1649 - 6 juin : belle échappée

Comme une sonnerie de réveil dans la chambre voisine, l'alarme retentit, sourde, implacable. L'échéance est proche désormais. Tout semble dire : maintenant. Enterré, le grand sabbat. Ce n'est plus qu'une question de jours...


La genèse de ce nouvel envol était si simple, tellement évidente sa mise en œuvre, si ténus les obstacles au départ... je ne sais pas
d'abord Téhéran allait partout, folle promesse de renouveau dans le départ, ici dans les têtes, là comme résidu de la nuit sous chaque oreiller ; souvenir d'un à-venir si prégnant que je ne savais plus dire si le voyage n'aurait pas déjà eu lieu
puis non.

Rideaux ouverts, les mêmes cendres sur la même ville, les mêmes films le même canard au même café. Chaque lendemain claquant comme un rappel,

c'était Paris, encore toujours
Paris, Paris... Voilà.
Ta grâce parfois touchante, comme le rayon d'un phare soudain illumine le paysage. Et qui l'instant d'après, ne serait plus. C'est quoi ton bordel ? L'intermittence. Intermitte, donc
il y a une tour, qu'on ne sait plus comment approcher
une ville, comme magique, pleine de prodiges.

Alors, décrire paris ?
Pour y revenir, à cette échéance, il fallut une chatte en béton. Un truc de cocu.
L'avion supposé parti depuis un bail : attendait, remuant docilement ses gouvernes. Improbable ! Il aurait convenu de toucher du bois pendant une bonne demi-heure pour se démettre du mauvais sort, mais la porte de l'avion ne baillait plus qu'à peine, aussi j'ai filé, sauté, faufilé ma carne. Alors ce ne fut plus qu'aluminium partout autour - maigre pitance de conjuration.
Comme la misère sexuelle sévit déjà, ça inaugure mal de la suite.
Panne de réacteur ? Fin du stock de kérosène. Ca va couper, chérie.
Ou, pire ?
On survolerait Paris, qui n'y serait plus. Juste un petit mot - partie en l'absence de toute affection, te souhaite bonne continuation, hasta la vista, tchus. Partie la ville, quel retour ?
L'avion commence sa descente.
Pétri du doute, j'rappelle le service pour quelques doubles bien tassés, alors le sol approche.   

Comme l'encre du fountain pen, la prostate qu'on voudrait insatiable, la joie qu'il y avait sans raison valable, tout et le reste semblent ainsi menacer de tarissement.
Feignant d'abord l'ignorance, je remarque ce petit bout de charnière pourrie, qui traîne. La valise elle même, meilleure compagnone, commence à lâcher.
Comme à tout le reste, une giclée, ici alcoolique, ou lubrifiante, encore un peu de soi, et beaucoup d'espoir contribuent à passer outre.


Il faudrait tout cependant. Tout mettre, et la vie, et son terme.
Plus passer outre. Plus repartir. 
La genèse. Les obstacles. Je ne sais pas...
La genèse de ce nouvel envol était aussi précieuse, apparition inespérée, disparition derechef, et la turbine qui tourne au mieux, comme jamais, à vide ! 

A ce retour, les mêmes murs comme choqué(e)s par la trahison qui vient. Et sortant de partout, les insectes de la maison se réunissent pour une cérémonie exceptionnelle. Faut les voir, bien alignés, entamer leur petite danse. Les deux mains applaudissent distraitement, tandis que l'esprit, échappé loin, s'applique à imaginer Paris, sans plus y être. Paris si j'y suis, si j'y serais, si nous y serions, au moins un pied, une main?, déroule ses rues et tout comme une vraie, tout comme une grande, continue seule.

Comme il sont loin les jours fous, et comme elle s'éloigne la ville. And no more shall we part. Ainsi quelques mots rebondissent encore, l’air vibre en silence, imprégné d’une belle absence. All hatchets are buried now.

Eh, si j'en parle alors, c’est que je n’ai pas de lacets à faire. Autant placer un petit bloc, tenter le filet de mots. Pour rien dire, certainement ; sans penser l'écho, jamais. Juste comme un mec lance des cailloux dans l’eau, toujours. Toujours, des cailloux, et toujours de l’eau entre ici et là, chaque fois un peu plus.

Rideau ouvert. Cendres et ville. Films. Canard.
Le reste : tout et rien, jamais comme prévu et saisi de fatigue chaque soir, par les couchers tardifs, les nuits trop courtes sur le hamac, l'alcool qui bout dans le sang, le sang qui tourne et plus rien ne semble aller nulle part 
Le reste : moi ici, toi là. Quelques mots, beaucoup de distance.
Le reste, presque rien, comme une petite série de chiffres à la droite d'une division.

Alors ? Prier pour être entendu, prier pour être écouté, ou prier avec l'espoir que personne n'en sache jamais rien ?
Et ce clavier couvert de boutons et de signes, dont aucun ne me fera jamais entendre ni revenir au contact. c'est pourtant le contact, ce truc inutile et complètement indispensable qui guide nos idées les plus fondamentales. à moins que... je ne sais pas.
Après vire et volte et quelques autres arabesques étranges dans les airs et sur les terres, Paris te reprend alors tu y poses des idées un peu partout, sans plus savoir ni quoi, ni pourquoi.
Les mémoires se convoquent, pendant que d'autres lisent
ou regardent,
vivent, rient, et peut-être dans les mots
ou sur les quais des gares, se revoient.

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