Toi qui va partout, raconte donc tout ce tout.
Ou alors juste un peu.
Enfin, comme ton envie veut.
Un jour, Paris, c'est plus ta ville.
Le plan s'en est dissout dans l'espace. Restent quelques éléments épars, qui laissent penser que oui, c'est bien ici, d'ailleurs j'ai les clefs, il y a une porte, je tourne, pousse. Le retour...
Il y avait eu ce mail : self explanatory. Puis un avion m'a emmené. Singapour... Premier long courrier du sabbat - j'étais bêtement fébrile, très satisfait de mon vol.
Singapour. Aseptie urbaine. Un pays entier serré dans une ville. Une nation qui brade son passé pour faire mentir l'avenir. Plus moyen de mettre la main sur une fumerie d'opium, je râle, merde!, échoue dans un claque-bosse où j'observe longuement cette vulve offerte dans la pénombre, un soir que le drap malin avait glissé.
A genoux sur le lit, saisi d'inanité, je me demande : voilà le but du voyage ?... Ou son origine ?
Et ainsi de bouic en bobinard, de foutoir en boxon. Un bateau passe, Sumatra, nouveau paysage voluptueux, que j'explore, qui m'inquiète. Il y a Internet à l'hôtel. Alors, en plus de baiser, je lis mes mails. C'est commode.
Je m'embête un peu. Mais la rue est belle et bruyante.
Puis encore. Avion, bus, train. Toujours le signe de Vénus qui me suit, me terrorise. Dans ce nouveau pays des pubis, combien ? Quinze vagins offerts au yeux, proposés à la vente, pavanent sur scène, lançant des fléchettes, éteignant des bougies, saisissant des clous à pleins lèvres. Quel panorama formidable et lugubre. Potentiellement ruineux, je me dis...
A cette réflexion, me faufilant entre deux videurs, j'ai laissé par derrière trois hollandais dont les cris "call the police!!!" se perdaient dans la nuit. Et mon désir en berne, qui le sauvera ?
Train, bus, jour, nuit. Là-bas, plus loin, plus profond dans ce territoire impair. Nouveau pays, et toujours la même blague. Ce coup-ci un jeune homme, tout habillé de faux charmes, soutien gorge, maquillage, petite jupe, me ballade en ville répétant comme un disque
"me suck dick for free
"come to hotel, love you very much
"cute man...
Comme le déservice des femmes, un sort funeste, une malédiction certainement, empèsent ce voyage!
Alors le retour.
Exsangue.
Là, je croise un gars dans un bar, qui n'a sans doute jamais vu la frontière. Ses yeux brillent aux larmes. Il veut savoir, c'est comment, tous ces ailleurs ?
Un hoquet me prend, je sers son bras : putain de putain, n'y pense même pas !
Ainsi tout le reste : rien ne va.
Charmante distorsion du plan.
Charmante distorsion du plan.
Le temps, à la limite... Mais l'espace de la ville soudain est comme, en avion, lors du pire atterrissage. Tout commence par une perte du plan : mauvaise assiette, vitesse trop importante, sortie du glide path - rien ne va plus !
Les journées s'étirent dans le vide entre matin et soir.
Bientôt même le sommeil a fuit.
Tout ce temps, tout ce désir, tous ces gens deviennent les inconnues d'une impossible équation. Et moi, nullard, mordant le crayon comme damné devant la page blanche de ces journées.
Reste la rue, et la fatigue.
Les trottoirs anonymes, le froid.
Le confort du refuge, vieilles amours dépérissantes...
Ici, réunir 10 personnes, les dix personnes qu'on souhaite ? Un miracle ! Improviser une rencontre ? Un mirage. Les listes s'allongent, rien ne se passe. Alors comme on l'attendait plus, la petite musique du départ résonne à nouveau, comme un ordre impérieux. Je casse mon crayon, file faire un sac.
Rester, pourquoi rester ?
Ecrire ? Tss.
A cette occurrence, la ville m'échappe. Jeu fumeux des dynamiques et compromis; je suis las.
Apprends à craindre cet univers familier.
Une femme m'aborde, je crie d'horreur.
Apprends à craindre cet univers familier.
Une femme m'aborde, je crie d'horreur.
Partir !
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