dimanche 26 juin 2011

TP250 & TP436 - 26 juin : vivre, outrageusement

Il faudra coudre patiemment 42 navions sur ta jaquette
m'avait dit le sorcier, et j'ai acquiescé
pour que te poussent des ailes, et alors?, alors, petit mec,
à toi la liberté,
le style enfin nouveau
l'expression la clarté, et le vol à outrance !


Combien ? Vous avez suivi ? Combien de putain d'ailes faudra-t-il encore, satané menteur, brigand!, je savais je savais pourtant, mais j'ai continué, tenu bon assiette stable domaine de vol honnête et cap régulier, rails parallèles?, et de pays parfois lointains rentrant toujours plus lentement
vers je ne sais plus quelle vie, pauvre vie...

Ce coup-ci ils ont dit : il va pleuvoir
et maintenant, file! va te ravir à Lisbonne
où ? pourquoi pas ? moi si j'ai un conseil à donner, à suivre,
celui-ci mieux qu'un autre, va te ravir mais d'abord : Soyo.
Nouveau départ. Pour me cacher du gris cette fois-ci,
ayant découvert qu'il n'y a pas de manière moins directe
plus retorse
j'adoptais, à nouveau!, le fuseau GMT+1, sous l'équateur.

Là-bas, pour apprendre que la routine parisienne n'est pas tellement abjecte. On a mis mon sac dans le gros ventre d'un A340, avec une étiquette dessus. Là-bas, un bout de nos vies est allé s'égarer autour du rêve et du totem géant.



Soyo. J'y jouais à observer mes pairs sans admiration, ennuyé en diable. Jouais à regarder le monde par dessus leurs têtes, fixement
jusqu'à les yeux qui pleurent
jouais jusqu'à oublier d'être
oublier tout mais l'envie, toujours
toujours présente, d'abord petit agacement, chaque fois plus, puis urgence impérieuse, pour finir comme fureur que les mots sont bien faibles à rendre. Faut voir les yeux fous de mes compagnons d'infortune!, pervers du métro, allant tripatouillants les vestiges fripés de leurs idéaux, figés aux pieds des escaliers dans l'espoir de l'aperçu fugace,
camarades frustrés, camarades jouisseurs,
vicieux, dépravés, méchants que nous sommes
notre pathologie polymorphe est la fesse rose,
l'espoir de ce siècle !


Elle était bizarre, cette Afrique.
Derrière des barrières tout ce qu'il y de plus provocant
ennui mou et atonie fleurissaient en journées de 12 heures
et, surprise, comme tout bon chat* de Balkemore & Cooper, c'est un modèle de barrière qu'on accepte et qu'on tient. A terme elles font plus rien, les barrières, l'esprit fuit au travers, et aussi quelques poches de gaz vont s'échappant retrouver le grand extérieur, faire leur vie parmi les hommes à coup de petite flamme, aller venir comme les hombres en démocratie...
Dans cette topographie du barbelé, la mémoire en vase clos va, s'étiole et disparaît. Les livres : itou... Oubliés ! Écrasés ! Ayant replacé patiemment tous leurs mots en bon ordre dans l'encyclopédie, ne restaient que l'image de couverture, et le code barre, dernier repère.
On a été comme ça au bout de ce monde, et une fois rendus, encore
chercher les mots
parler de l'absence et du désir, le pour le contre,
pour toi, contre moi, tous les mots...

J'ai compris ça
encore savouré l'ennui, l'ennui solide, infiltré partout,
rayon agaçant,
ennui en poudre, poussière partout présente,
cousu quelques avions de plus
et chuis rentré.


Retour à la vi(lle)... Retour en désir, retour en appétit, de se repasser le solstice dans tous les sens, ouvrant les yeux à l'aube pour tout jeter dans la bataille du jour, à commencer par le plus précieux, ne gardant que l'inutile, mangeant le superflu, mangeant, enfin!
Au premier arrêt parisien j'ai été téter au refuge de Rachida & Amhed. Le vrai réconfort commençait là. C'étaient les racines du monde. Puis, jouissant à nouveau de la pesanteur des tripes, toutes frontières urbaines retrouvées, venait le temps de lancer des perspective, prochain plan, liste, fête, gens ?
Le temps de reprendre cohérence.

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* "Je vais faire le chat aussi, le chat, posté en attente tous muscles tendus, hop hop hop, comme on dit, attends voir si c'est pas deux gros matous, d'un saut je suis sur toi et lèche lèche, sans griffures déjà c'est bien, si l'aile est cassée il faut y mettre de la chaleur tout plein la couver comme un œuf de chat, éh, tu ne savais pas, on nous le cache, un œuf comme ceux que les chats cachent sous les poules depuis la nuit des temps afin qu'on ignore leurs amours adultères."

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