mercredi 31 août 2011

AF 185 - 31 août : J'étais au bord de la mer

30 août, fin du grand ramdam,
le soleil pointe doucement une face bête et heureuse
c'est le retour
le premier de longue date
retour d'une vieille promesse et le mercure enfin replonge sous les 30, la vieille promesse prend son petit air. Les vieilles promesses ont parfois ce petit air agaçant, bien suffisant, l'air de rien, l'air de dire, EHE, mais tout doucement..., éhé, je sais moi. Tu sais quoi tu sais rien, je suis venu, bordel, même pas de ma faute !... 
3 ans en arrière j'avais fait les pires choses 
Tué dans l'oeuf, fui en Chine, posé bagages, jeté regrets
mal assumé, pas assumé, jamais assumé !!!
et ramené une carte, et une promesse.

Voici les premiers cafés depuis la pulsion du départ... la machine claque grince grogne et bip, veuillez prendre votre gobelet

1er café - Saint Lazare
"J'étais au bord de la mer"...
Faut essayer. C'est pas faux, voire plutôt véridique. 
Tentant cette phrase partout où on la réclame, conscient qu'elle n'explique pas la coupe incroyable, ni le visage imberbe, j'en suis quitte pour constater
voilà l'effroi dans leurs yeux à tous, les trois lutins qui frappent et frappent de leurs petits pieds et leurs petits poings en criant satyre!, satyre!, mafemme en sanglot, son visage son regard disent trop bien qu'elle ne me reconnaît plus, l'oiseau comme un fou en cage, me mordra, quand il aura fini de rompre du bec cet amas de ferraille,
et pourtant quoi, c'est bien le même, la même came, quelques idées saugrenues en sus, forcément, aucun navion même tout petit ne vous en préserve, il faut bien désarmer le toboggan, à un moment, ouvrir la porte, à un moment, 
alors l'air brûlant de là-bas s'engouffre, 
alors même du fond de la bétaillère, 
respiration bloquée, les secondes sont comptées... C'est d'abord la brûlure au visage sur la peau au contour des narines puis la rétention devient, la rétention difficile, la rétention n'est plus!, respiration, fichu réflexe, d'un coup : inhalation, l'air est un sirop bouillant
ce sirop, vecteur de toutes les idées, mémoire de l'oxygène, sonorité particulière
ce sirop pendant des jours, pendant des nuits, pour seul compagnon.



2ème café - une station de tram
C'était un temps déraisonnable. On s'employait à chercher ailleurs ce qui est partout comme les diamants du jeu d'arcade, comme le mario brosse de suzy, partir partir pour, pour pour partir, triple P, ailleurs
A ce moment le captain est devenu quelqu'un. Notre manitou. La confuse autorité. La certitude intacte. Monradeau.
Moi, je serais bien resté, mais tout l'équipage trop aimant trop mathématisé à l'idée que je rate un jour d'école
tout l'équipage s'est démené, le pitaine en personne jetait du fret sur le tarmac en criant vite vite vite, puis ils m'ont poussé dedans, t'aurais fait quoi, toi, sanglé assommé en quelque verres j'étais foutu, fini. Finito !
Je me plains. Est-ce que je me plains ? Est-ce que je pleure et crie ? Nada. Macache. Alors je suis resté plié dans ma bétaillère, sage et docile.
 

3ème café - faites un geste pour l'environnement
Voilà Paris. Ainsi donc, pendant que j'ai les yeux sur la tour unique, des zigues prennent leur bateau quotidien pour aller à Central, se disperser dans les tours dans les bureaux. Hop, 25 minutes dans les relents d'urée, de bile, c'est leur transport quotidien. Le quotidien des autres gens.

Les jours de typhon, dispense!, ils tapotent leurs genoux du majeur et de l'index en faisant Pom Pom Pom avec la bouche en rond, comme ça. A Hong-Kong et partout ailleurs les gens pom pom pom pendant que nous, on sert des boulons,
il n'y a que les voyages pour éclairer cette frange de réalité cachée sous les bourrelets du quotidien

A Hong-Kong où sont pathocouple, touriste, québécois, vendeur de magasine sous cellophane, et toute la masse grouillante de Chungking Mansion aussi, pareillement ensachée dans une pointe d'Asie.
Et j'y étais, vraiment ! Je peux même le prouver. J'ai gardé le maillot, là, encore trempé, et qui empeste, et toute la valise en remugle anaérobie, joyeusement ! Ça champignone, verdit, rosit, Blazy n'a qu'à bien se tenir, impressionné, bougon.
C'est le troisième café, nouveau jour.
Je vide ma tasse, puis ferme les yeux...



C'est le commencement d'un jour, le fade et pâle recommencement de ce qui semblait fini, le vain recommencement du plat petit jeu de l'infini, la reprise de toutes ces choses usées par tous ces hiers. Je songe à ceux qui se lèvent à la même heure tous les matins, à tous ceux qui sont en train de boire du café à la même tasse, à la même table et aux mêmes fenêtres que tous les autres matins qu'ils ont eus. 
Un matin est une tasse usée, une table usée, des fenêtres usées et une maison usée.

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