samedi 14 décembre 2019

AF719 - 14 décembre : moins, jamais, beaucoup

Arrive le moment de reprendre toutes les notes, c'est à dire : rien
Ouvrir le carnet. Refermer le carnet. Rien !
Les quelques vestiges, anciens tickets, ne veulent plus trop dire, 
rien raconter :
signifiant pas mieux que signifié, rendus au néant

Dakar
Arrivées, retours, j'en connais mille. 
Dans ces rues bruissent bonheurs et catastrophes des voyageurs mal avisés. Celui-là pas mieux pas pire, mélangeait pénard excès de soleil et de bière. Je serais lui... Mais je ne suis pas. Ne devrais pas même l'exprimer, dans le sens commun. 
Celui-là cependant. Fin saoul de soleil et du reste, se lève. Semblant qu'il fait de suivre une déesse. Ou non, un sentier ? De chercher, un taxi ? Le voilà quittant mon giron urbain. 
Mais la ville. Traverser la ville, un soir de semaine, ah. Que voilà une idée bien finaude. Mec secoué dans taxi filant. Pas même le sous vaillant, à peine de quoi régler la course, qui enfin méritait ce nom de course : à l'arrachée. En retard de bout en bout. 


Thierry
On a attrapé deux vélo de location et sommes partis en goguette sans idée bien conçue. D'abord en ville, puis un peu loin, vers la base militaire, on a suivi cette longue avenue. Il faisait chaud à souhait. Plus un poil de sec.
Nous sommes passés nous rafraichir chez l'ami Olivier qui émergeait à peine. Bière, whisky ? 
Quelques bien tassés plus tard avons continué pleine balle dans l'incertain, sans carte ni compas, de route en chemin, de chemin en sentier, puis parfois dans le bel inconnu et l'azimut brutal. Plus un zigue alentour. Nous guettions le lion, le crocodile par nos pneus alléchés. Après de belles impasses, routes inondés, passages à guet : le chemin s'est fermé. 
Une heure dans les acacias lardant nos chairs sans grande délicatesse. Un roman. Aux épaules, sur les bras, les mains - du sang un peu partout. Mais le pire est advenu un peu plus loin. Lorsque les vélos ont fait 'bast' et planté là, on a vite compris la bêtise. Quatre pneus plats plus loin nous poussions encore. Après avoir renoncé à toute réparation dans le premier village, c'est bien rompus qu'on s'est jeté dans une gargote. De là un retour bien plus piteux qu'épique nous a laissé : rompus. Brûlants. Bien secs. 
Pas le moindre, pas le pire, petit souvenir à garder là, que deviens-tu, petit souvenir ?


Le chœur des chats
Sur l’île de Gorée nous régnons sans partage. 
Le rôle du poisson et la place de l’humain sont cependant respectés. Nous ne négligeons jamais un massacre, ni aucune caresse. Pour autant notre société n’est pas exempte de dissension. Nous affubler de chœur est simpliste, pour le moins. 
John K a encore balafré une petite du clan de la crique aux crevettes hier. On envisage chaque fois de l’excommunier, mais insularité oblige nos frontières font eau de toute part – ce serait sa fin ! 
Le mec sur la photo est bien passé par là, je confirme. Réglo, détendu, mais pas généreux à l’extrême. Les villageois du coin nous gâtent autrement mieux avec leurs seaux de déchet. Lui n’était là que pour se perdre, puis après quelques jours il a semblé comme touché par le sens. A disparu aussitôt. Bonne chance, miaow.   


Bertrand
S'occuper. De soi. Des siens. De son image. De son chien ! Je ne suis pas tout à fait. Ni misanthrope, ni alcoolique. Il s'agit juste d'un rapport. Réajusté : au monde. Ce bonhomme et son voyage, ne sont qu’un bonhomme et un voyage. Je vais reprendre une caïpirinha, vous voulez quoi ?

samedi 9 novembre 2019

UX1007 - 9 novembre : fiestas lejanas

Si on prend une page blanche
Pure et blanche : voilà
Un jour tu reviendras, je serais partie
Un jour tu reviendras, je ne serai plus là
Tu reviendras toujours, moi jamais, plus jamais

Madrid
C'est un mec qu'on avait plus revu depuis un paquet d'années; je ne me souviens plus trop de ce qu'il foutait là. Des tours, et de tout. Puis de moins en moins. Entre saouleries et visites à l'arrachée. Il était plus souvent dans un bled du nord. Se le decia : "gabacho borracho", pauvre bonhomme. 
Il a bien connu ça et là, mais dans mon cœur rien qui persiste - rien n'y persiste jamais longtemps. 
Désormais on mange les tapas à table. Tu peux dormir les poches ouvertes à Dos de Mayo. Et Anton Martin est devenu chulo à souhait ! C'est un peu du passé, je n'ai rien d'autre à dire. 

Arantxa
Je fais ma vie pépouze dans la ville que j'aime. Un peu de galère, beaucoup de plaisir, et tout en Castillan : que buena vida ! Ce n'est bien évidemment pas la vie de palais non plus, j'essayais de lui expliquer ça au petit frenchute, tu peux pas débarquer ainsi même si je t'y avais invité, ehe. Pas si simple. La colloc revient bientôt et je jure que t'es pas son genre. Ca fonctionnera moyen, voire en fait : pas du tout, si tu veux mon avis. 
En fait, c'est mieux si tu te casses, quoi. 
Allons à cette fête, prenons trois cafés. 
Puis la ville est grande. Tu as à faire. On se reverra. 


Carine
On devait juste boire une bière, c'est idiot. Puis me voilà en train de l'embrasser. Quelle heure peut-il être ? Si encore c'était un grand soir, mais non. J'en connais plein moi des bars furieux où continuer, avec plaisir continuer, laisser filer la nuit. Mais vu la lumière allumé là-haut, je me vois mal débarquer devant le colloc, coucou c'est nous, nouvel amant, ancien modèle, enfin, je t'expliquerai. Pas grave, on se refera. Je lui dis pas. Il le devine, dejà s'enfuit, ou s'en fout, déjà loin...  

Valencia
Petit bonhomme par la gare arrivé. Prends tout droit sur Marques de Sotelo, file un peu dans les petites puis vaguement à l'ouest : tu tomberas sur le Mercado Central. Tous tes frérots étrangers sont entassés là, impossible de te tromper. Tu seras bien. 
Contre toute attente ce pingre a été se jeter vers Russafa et va dîner à Benimàmet. Ainsi des cons, et des surprises. C'était pourtant tout droit ou presque, hein. Mais il avait l'air content. Et le soleil, le ciel, pareil : ça, c'est offert dans la prestation de base. Passé ce niveau d'imbécilité, moi, j'abandonne ! 

Adèle
On ne me fera pas dire que je regrette. Rien ! Rarement grand chose, de manière générale. Mais là ni les vaches de courbatures, ni les bleus, ni cette fatigue insensée. Le truc est passé là comme un violent coup de mer, j'étais saoule, puis trempée, c'est peu dire. Alors on a secoué la maison sur ses fondations. 
Ce n'était évidemment pas sa défloraison, mais vache, quand même... Vache de nuit. J'en ai souri encore quelques jours. Surtout que le saligaud a filé comme ça, point final. 

mercredi 9 octobre 2019

TO83081 - 9 octobre : biclous

Esmeralda en question.
Toujours en question.
Question d'échappée, devoir de départ.

En mentant un peu et en buvant beaucoup, on peut réussir de fort jolis voyages. S'échapper du quotidien, oublier ses soucis. Qui n'en veut ? Acheter quelques souvenirs, même.
Pourquoi pas rédiger une carte à sa maman : meilleurs effet.
Le voyage : promesse si facile.
Famille comblée.


Moyennant quelques suppléments, l'excursion peut devenir vertueuse ou ethnique, voire écologique. Certains parviennent même à y déterrer un vestige d'activité sexuelle - nec plus ultra du package. Alors tu rentres comblé et vibrionnant de plaisir, avec un numéro en poche qui survivra à quelques échanges polis...

Loin de cet idéal je filais un jour puis revins. Empli de la même obsession.
Du fond de ce désert, même engoncé d'ivresse, je voyais encore tourner mille roues. Briller plein feu mon obsédant mirage. Toutes les dynamos du monde semblaient décharger dans les mêmes synapses. Il n'y avait pas jusqu'aux rêves qui ne soient dénués de biclous.
Brièvement freinés au départ, les vélos reprirent leur folle course après quelques jours. Ceux qui ne polluaient pas ma vision résonnaient au moins d'un entêtant tintement. Au pinacle des songes, leurs cadres acier ou aluminium se faisaient tendres et tièdes...



Arrive ce moment.
L'esprit cristallise !
Pour certains c'est l’acmé, pur plaisir, sommet d'une montagne, ou tournant d'une partition. Mon épiphanie m'a renversé sans préavis; je continue depuis pleine gomme et roue libre. Des bicyclettes s'entassent dans la carte mémoire de mon téléphone, aux différents coins des rues et plein ma cave. Le trousseau que je trimbale devient si massif que je ne sais plus trop laquelle pourquoi, craignant juste qu'atteignant une masse critique il ne prenne vie autonome et parte sans ma poche.
Difficile alors de savoir si les rêve ont rempli cette cave, ou si c'est la cave bondée qui a fini par déborder mon imaginaire. Je pressens que des millions de neurones se sont spécialisés là-haut pour identifier la forme des clous et de leurs dérisoires accroches. La disqueuse me démange. Je la voudrais en main, tournant pleine balle ses 4000.

Je n'ai pas osé m'ouvrir de ce biais à mes compagnons.
Ils semblaient tous avoir d'autres chats, atteindre une saine et commune satiété par le sport. Les rejoignais chaque matin avec le déguisement pour quelques allers/retours sur le désert. Notre  beau terrain de jeu.   

jeudi 19 septembre 2019

AF641 - 19 septembre : what is the next step

Une recette. Une idée. Une cachette.
Partir ou rester, ce n'est plus vraiment la question. Il convient juste de bien disparaître.
Le premier tourbillon. Une quelconque montagne ? Ou un avion, bien sûr !

Tourbillon
En saisit-on jamais la genèse ? Le voyage est absent : d'abord car non-sujet du départ, ensuite bien tut par l'absence de récit. Inconnu de facteur deux, fil rompu dès avant la pelote.
D'où procède l'inconnu ? D'un fascicule d'agence de voyage, boulevard de l'Opéra, peut-être. Ou du recoin d'un songe. D'une réclame télévisée ? Il convient de ne pas chercher. Rien savoir.
A la prochaine insulte, avions-nous convenu : l'inconnu ! Tourbillon, montagne, avion.

Inconnu sans équation, sans diagramme, sans résultat, il m'est loisible de composer pour vous un récit à la demande. Y avait-il voitures rutilantes, ors, sexes offerts ? Il y avait, il y avait. Raison quelconque ? Idée sous-jacente ? Plein paniers, pardi. Moult !
Ou je l'aurais rêvé ? 


Montagne
Je revois, à l'envie, une ville très haute, entourée de collines et montagnes plus hautes encore. Les avions y tombent en piqué pour atteindre le bout de piste. Les autocars y meuglent à l'assaut de rues presque verticales. Là, tout un peuple de mollets tendus, muscles saillants, vit sagement dans les délires de l'altitude.

Ils vont sans cesse à l'attaque des flancs de la ville. Ne boivent qu'à peine, rendus déjà ivres par l'anoxie. Se bagarrent pour nul idéal. Sages, à toute sagesse accomplie.
Diront de moi que je fus bon touriste.
Témoigneront, si on insiste : il était bon, fit quelques images, commentaires flatteurs.

Les voyant si raisonnable, je les crus un peu demeurés. Pour ma part j'ai tenté l'assaut des monts alentours, oublieux de toute liste. Mais très vite fracassé sous un sommet inatteignable, suis redescendu, piteusement. Ai retenté une image. Un quelconque commentaire.


Avion
Puis animal est rentré.
Serait-ce un autre mensonge ? Où est animal ?
Animal consensuel, je prétends que je prétends.
Ai toujours prétendu. Évité la question. L'évitant, y suis retourné, toujours. Les mots ne vous font jamais cette atroce chatouille d'intrication ? Ne font-ils pas en leur cœur l'aveu du plus parfait vide ontologique ? Se révèlent comme tout homme, belle façade de carton, sourire constant ?
  
Non, animal n'est toujours pas rentré. Bis repetita. Une fois de plus pas vraiment parti, toujours autant absent que présent au monde. 
Comme cet homme-carton : tout dépend si vous le rangez à plat, ou sur le flanc.

A ce jeu pas une photo, aucun récit qui subsiste.
Ne reste que l'exercice : partir, rentrer, aligner des mots enroulés sur eux-mêmes. Bien secouer tout ça et laisser l'oubli y faire de petites galeries jolies jolies.
J'ai rêvé souvent à tous ces mots qui me rêveraient. Ou diraient le rêve. Tairaient toujours, c'est l'essentiel, l'inavouable cachette...

jeudi 4 juillet 2019

AF1761 - 4 juillet : là-haut

Pire touriste, je demande à mon estomac : oui ? Grouick, il fait.
A mes jambes : bien ? Grince, disent-elles.
Le corps même n'y est plus, tu le crois ?

A force de promesses un consensus se dessine cependant : encore cinq mètres, puis on arrête. Si, si. Alors, comme exprès, la montagne se cabre, la pente raidit en pire que pire. C'est presque un looping qu'elle voudrait me voir faire.
Comme une main, d'abord, défaille, c'est bientôt tout le bonhomme qui dévisse. Première chute. Cul par dessous tête, cependant, juste le temps de prendre peur. Bientôt la deuxième. Puis quatre, huit, dix ! Chacun de mes choix d'échappée ou de retour s'avère malheureux.


C'est une montagne bien raide, j'oubliais de dire. De ces montagnes qui font wizz tout droit du fond au sommet, aux pics, aux glaces. Sans répit. 

Là, attaquant le raidillon herbeux d'un col je réalise à mi-pente être en presque-escalade, usant genoux et hanches, sous une averse de grêle. Est-ce bon ? C'est pas bon. Alors je redescends, chutant et glissant à qui mieux mieux.

Une liste s'impose.
Récapitulant, je clame les étapes à tue-tête :
1 - le col
2 - le camps
3 - la descente
4 - la forêt
5 - le pont !
Puis tente une fois de plus de prendre la pente. Oh ! Délice ! Le UN, bientôt le DEUX se laissent vaincre. Descendant comme un damné la cascade prise à l'aller : je tombe à nouveau. Face en avant !
...Enfin arrive le pont : 5. Je crie : CINQ !
Et engage une série de promesses sur mes futures marches en montagne. Tiendra ?
J'ai campé par là, sans plus de prétention, comblé d'un monticule fumant pour tout foyer.

Zêtes fiers, organes mécréants, montagne idiote ? 
Je ramasse mon orgueil tout scrabouillé de neige fondue et terre bien trempée. Bravo. 
Pire montagnard. Pire GPS. Pire boussole. De cette union sacrée, conjonction des valeurs, célébrons le bel échec !
La montagne se cure les dents en rotant une coulée neigeuse, pendant qu'à Paris on a rangé les cours de tennis, les cahiers, sorti les vélos.



La montagne n'est rien. 
A Paris, c'est comme si Notre Dame avait brûlé.
Je retrouve Casimodo ivre mort au fond d'un bar. Il n'écoute rien de mes exploits à rebours. Arrive Esmeralda. Elle vient direct à moi et me colle une vilaine rouste, comme au dernier criminel. C'EST TOI qu'elle fait, C'EST TOI !? Commençant à lancer un peu tout, table, mobilier meublant, toute la communauté de meubles et acquêts... Ça paraît rien, mais c'est beaucoup ! Comme une avalanche à rebours.
Toute liée. Rendue à l'air... 
BIM. SCHBLANG.
Bénissant la montagne, je refais une liste. 
CONNARD. SCHTONCK.
A cette tempête nous survivrons. Une liste urgente, de 1 à 5. 
SALAUD. MERDOUILLE. COUILLON. 
Comme si dame brûlée. N'écoute que ta lâcheté. Ferme les écoutilles.
CLING. SALAUD. SALAUD.
Il faudra repartir bientôt...


Je dévale d'un versant qui ne me convenait plus
J'oublie, je jette, je débarrasse
Des plaques durant des années portaient contre moi
Le limpide est apparu et tout a changé

jeudi 23 mai 2019

TO3549 - 23 mai : parenthèse

Un jour à Paris
On avait armé cette petite fête, là. Trois fois rien. Juste ce qu'il faut de lads et de ladettes qui trémoussaient vaguement. C'est alors que les dieux du panthéon, sécheurs récidivistes, se sont pointés - drôle de bonne surprise !
Au fond d'une bouteille, au milieu d'un échange avec le patron, il était question d'une petite mission pas suicide du tout : goûter des vins, inspecter quelques îles, boire un raki. Que dire à ça ?

Ainsi quelques jours plus tard, pendant qu'il pleuvait à Londres, c'était beau large et plein sud. Cependant il y tombait plus dru encore que partout sous la mer. Éternel ombrophobe, le divin facétieux m'avait doucement roulé aux entournures.
Afin de survivre, capitaine et son troupeau bien serrés à l'abri du carré, les 'kilos' s'enchaînaient. Puis dans un restaurant, ou deux, ou dix, les 'kilos' toujours... Errance gastronomique ?
Pendant que plus au Nord, le Tarka voguait pleine balle vers le Spitzberg, nous remplîmes consciencieusement cet interstice entre l'eau de mer et l'eau de pluie.
Fûmes ivres.
Fîmes gras.

Compliqué
Tout n'est pas compliqué
Rien n'est compliqué
Ici plus simple encore que partout ailleurs
Il faut seulement avoir un bon chinois, quelques gambas. Décortiquer les bêtes, enlever les intestins, puis faire revenir les têtes mi-huile mi-beurre jusqu'à bonne coloration. Déglacer au vin blanc et passer au chinois : voilà la base. Le reste : bien classique, à base d'oignons, tomates et épices qu'on lie à la chair de tête : voilà pour la sauce.
Les pâtes et les crevettes, vous devinerez sans peine, ou trouverez sans gloire.
Il faut seulement un bon chinois.

Indes galantes
Ainsi allait notre petite nation, pour moitié d'eau salé, reliquat de vin résineux. Et pluie. Les proportions varient en fonction de la saison.
Là : beaucoup des deux.
Mais demain ? Demain !?

La mer s'est doucement retirée par la petite bonde du fond. On n'était plus que nous, la forêt paisible, la forêt tranquille, nous. Et la pluie. Bien rincé l'écheveau des désir on chantait encore quand le soleil est reparu.
Rien compliqué. Il suffisait d'attendre.
Toujours chantants on a rebu à ça, aux dieux, et au reste... En attendant la prochaine jaille.

FORET PAISIBLE
FORET TRANQUILLE
JAMAIS UN VAIN DÉSIR NE TROUBLE ICI NOS CŒURS

jeudi 14 mars 2019

AF483 - 14 mars : (v)inactive


Barcaza de la muerte
Inspiré comme pas zéro, je reste là à couler doucement, comme le reste.
Projet, navire, ambitions vont lentement par le fond. Calés sur La Paz l'équipage compte les heures, un peu lentes, qui nous séparent de l'inéluctable. Chaque jour est un incident, une panne, un report. Pas d'exception. Tout végète, comme dans un temps suspendu. Tous végètent. Mangent trop. Puis re-végètent, sans vergogne, le poil toujours plus long...

          Sortez sortez
            Sortez moi de là
              pitié de là
                vite pitié sans tarder

Comme à la descente d'un trip. Ça commence par une chute. Un nuage gris m'accompagne. Puis une maladie opportune va fermer le couvercle, sans vergogne. La fièvre bourdonne. Nuits de cauchemars. Cette Yagana me hante ; à tout instant ses petites particules et leur travail de sape. 
Peu à peu, rongés par l'oxyde, chacun de mes organes vacille et défaille à son tour...



This is the next step
Mille vagues, mille jours, ondes indénombrables, ni nom ni rien qui subsiste
rien n'allait bien faut dire, tout voguait d'échec et
d'abord il y en a qui ont commencé à chantonner, puis très vite
absolue déréliction, les hommes criaient en s'étranglant des deux mains, folie!, folie!, sautaient partout sans jamais un effet que le passage des jours et des ondes. Encore et encore.  Il n'y eut bientôt plus rien de droit ni personne de sensé
en fait de retour ce fut plutôt une évacuation prestement troussée
vachée la bonne humeur, évanouie toute la belle énergie, dans cet abyme marin
arrive ce moment où ni l'appétit, ni le sens de l'humour, plus d'énergie, aucun recours : il n'y a plus de recours qu'en Archimède et tout le bousin s'enfonce très vite dans un marasme de pur vilain

Reste le travail. Travailler comme faire un grand ménage. 
Frotter, frotter, sans jamais aboutir. Frotter sans répit reprendre.


Animal en son nom
Frotter l'homme, frotter l'être, frotter le nom !
Bien frotté, animal finalement : est rentré. Quel mensonge supplémentaire ! Où est animal ? Animal consensuel, tu persistes. Prétends que tu prétends, mais que personne n'y croit plus vraiment.
Trop disparu, tout lointain et bien longtemps, il n'y a plus animal qui tienne.

Non : animal n'est pas rentré, il n'est même pas bien parti !
Toujours un peu présent au monde, bien végétatif, la frontière s'est formée jusqu'au dedans des idées. Il y a bien longtemps que les idées même sont enfuies. Les mots ? Les mots petites bêtes vaniteuses,
veulent donner du sens, définir, signifier. Mais trois petits mots et puis s'en vont : pourquoi prétendre à mieux ?

J'ai peiné et échoué à continuer d'y croire. Ces mots ne sont de personne et pour rien. Ça fait longtemps, ça fait toujours.
Mis à nu de tous ces artefacts, l'animal reste là.
Bien épluchée la bête, débiter et faire dorer les morceaux dans du beurre. Réserver dans un plat. Faire revenir les oignons dans le reste du beurre. Ajouter les champignons. Faire réduire avant d’ajouter les pommes de terre, l'animal et recouvrir le tout de cidre agrémenté d'un bouquet garni et de miel.
Enfourner pour 45 minutes en remuant à mi-cuisson.
Parsemer de persil et servir bien chaud.

lundi 28 janvier 2019

TG930, PG936 - 28 janvier : échéance, parachèvement

le jour se levait
le jour se couchait
on m'a dit : regarde
regarder n'est pas agir
le terme a précédé ma pensée

Pas encore gagné par la frayeur des frontière, je franchis encore celle-ci, puis cette autre
Simple picotement, la fièvre déjà instillée initiait alors son petit travail de sape


Byriani, chantier, hommes. Tous ces destins, tous ces échecs.
Tous ces lendemains effacés, additions jamais posées !
On a lâché le dernier paquet, dernier homme, dernier bord 
puis filé - loin plus loin et sans retour. Jamais !

Celle de la fin de chantier, celles de l'alcool, toutes les fièvres combinées me frappaient doucement la caboche. Alors la formidable intoxication attrapée rue Preah Ang Duong a bouclé cette balade.
Désormais plus même foutu d'acheter un billet retour, inconsolable paumé, je commençais à craindre l'impossible frontière. L'année commence malade, finira sédentaire. Sans plus bouger de ce lit, de ce chiotte, de cet hôtel, il faudra juste attendre un an, égrener tranquillement le décompte des mois.

Un jour ce sera décembre dans quelque ailleurs et tout restera à faire : boucler l'année, pécher quelques mots, évoquer ce temps, ces frontières...



Alors que je rêve sonnerie électrique des portes, feulement du train au terminus, parachèvement, chaque gorgée de chaque verre, chaque rêve de chaque nuit annonce le vertige du temps qui vient.
Comme ici avec Grégoire, il faudra bien des bouteilles sans fond, bien des gorgées sans fin. Pleine année de mutisme qui n'en finira pas. Je m'illusionne, espère encore boucler ça d'un coup d'effaceur magique, sans plus de nuits d'hôtel, ni bar, point d'ivresse : juste makache, grand formatage !

Mais non. Ce ne seront que banalités à peine épistolaires, flacidités d'usage, poire pour la soif, tchao.
On entendra la musique, pieds tanqués loin des danseurs. Verrons quelques paysages, comme subis par la rétine. Gardant ce fruit en main je veillerai à ce qu'il pourrisse jusqu'à s'écouler entre mes doigts ! Un courant d'air emportera cette noble pourriture...



Un retour droit dans un sommeil sans rêve.
Le policier aux frontières me fera une dernière bise.
Au giron du faubourg les Sabines veilleront, strictement immobiles.
Derniers détails. Cerise confite et auriculaire tendu : santé !

___
Sidération du rendu à la vie
tout sonné, godillots encore plein d'un fond
petit poisson, perdu là

lundi 7 janvier 2019

AZ1622, AF1305 - 7 janvier : avouer Berlin

Ces vieilles promesses. 
Ces choses lues, sues, oubliées. 
Un bar du quartier m'en parlait parfois. Un film, ensuite. Puis ce bouquin peignant quelques coulisses étranges : villages de montagne ? Vierges jurées ? Omerta ? 

Berlin ?
La promesse court et vaut toujours. Cette arlésienne subsiste comme clef de voûte de notre mensonge. Tout autour, l'écheveau des mots vient construire cette histoire. 
Tu gesticules encore, pleine de grâce. Cependant toujours aucun son, nul mot, ne viennent révéler la cachette où je file cette fois. Alors, sans rien dévoiler, avec Pim et Poum faisions bel équipage et pleine balle, filions ce coup-ci vers le mal connu, nouvel obstacle ? 


Nous n'étions pas à Berlin, tu n'étais pas enchantée. 
Nous n'aimions ni ne partagions. 
C'était un voyage, et cette blonde : ma blonde ! Un voyage avec des frontières et la vitesse dans ses cheveux. Comme à Berlin mais ailleurs, plein d'ailleurs, tous les soirs un autre, folle variété balkanique.

Tous les jours : repartir à zéro.
Comme à Berlin, mais ailleurs.
Le nez la bouche la chambre l'homme et la femme : à zéro. Tu veux je veux nous allons, cherchant toujours le coin du monde où se réveiller à nouveau : nez bouche chambre homme femme zéro. Folle itération en toute nullité. J'ai rêvé. On rêvait souvent. Un autre jour elle aussi, puis nous deux, mais toujours pas Berlin. Juste elle et moi, c'est tout. 
Le lendemain nous avons touché un second, bientôt un troisième pays. 


Le plan ? Simple ! Tout voir tout faire tout goûter.
Quelques pays. Une semaine.

Vu de près tout se révéla plus ample et tarabiscoté.
La frontière : un fiasco. Chute de neige ? Evidemment. Le prochain bus passait dans trois jours. Mais bon gré, mal gré, on a pu, on a su. 
Il y eu de belles chambres. Du bon poisson. Vin et tabac : à flots. Ces fumées empestent encore, quelques mois plus tard, les rue de Paris autour de chez elle. 

Au terme, comment avouer ?
Quel pas grand chose ? Quel pas lourd ? 
Volute du cigare. Méli mélo des souvenirs plus enchevêtrés que les frontières. Rebond des lits, chocs des sexes. Sempiternel écho des rencontres improbables. J'avoue !