dimanche 16 décembre 2018

RX0714, TK1821 et TK0713 - 16 décembre : our biryani deserves a war

LA COLÈRE SOURDRE
RÉVEIL COMME D'UNE LÉTHARGIE
DES SEMAINES, DES MOIS


HOLD THE HANDRAIL
Je recroise cette grande tige un beau jour, en pleine mer, et c'est tout de suite le coup de foudre. Ses grandeurs ses bassesses, rien qui me déplaise. La rouille qui gagne, et alors ? Grandes esplanades cernées de rubans jaunes.
Pas même la foule besogneuse qui prend bord. 
On distribue les quarts : le bordel s'organise.

MANNING UP
Seigneur vaniteux en mon domaine, j'y contemple les quatre horizons au couchant. C'est à nous, qui sommes les plus grands. Nous, nous, nous ! Il y a bien sûr d'autres esquifs, dont un mesure le double, mais bon. C'est nous.
Puis voilà qu'on fouette un peu, d'abord mollement, puis pleine balle, car le projet décolle. Haro sur les opérations ! Que coulent toutes ces structures ! Et ça coule, progresse au gré des courants, sans vraiment avancer ni reculer : voilà bientôt des jalons.

Plus tard, progrès partout, des ongles me poussent aussi : dix aux doigts, dix aux orteils, d'un flash ahurissant on se rappelle que plusieurs jours font une semaines. Puis c'est un mois.
Comment c'était avant, sur terre, sans grue ? Tous ces êtres dans une ville, organisés. Roulants métro, vélo, filant 120 m et au-delà. La terre ferme vient à manquer. Le retour est un homme qu'il me tarde de voir. Le manque pique des fois. Je suis le détail de sa mobilisation. Le billet, le billet !

DEMOB
Le billet est arrivé. 
Le bonhomme suit. Bienvenue petit bonhomme-retour. 
Carnation de ma régression, béni. Il y a bien le progrès qui sonne encore un peu, faiblement. Remuant encore, il va me convoquer à une opération pas loin, tout près de l'aéroport. J'ai dit oui. Ai volé le suivant.
A Paris nul océan, nulle grue, y avait pas même une parisienne alors j'étais un peu déçu tu penses. Encore des jours je secouais si fort mon téléphone qu'il finit par rompre. Le lien social, non, ni même le lien : Paris à noël ne vaut pas la sieste pour se pendre. Voyant ma peine, Vitchou a soufflé un peu puis a levé l'écrou. Va, va, je te suis. On a enjambé la monture plein feu vers Beauvais, le vent dans les cheveux, laissé Paris loin derrière, là !

jeudi 25 octobre 2018

AF8227 / FLT2103 / KL0810 - 25 octobre : ça ira

le merlion est un félin, aussi
il te roule sous sa patte 
se plaît à croquer mon courrier
c'est : monkey say and monkey do

Si toutes les garces, toutes les garces s'unissaient, aaah
Si toutes les garces s'unissaient ! Il ferait bon, un jour sans vent, ce serait presque la fin, mais pas encore. Elles s'uniraient et iraient comme une seule garce. Pas la fin, mais quelque chose comme plus jamais avant ni après. Tout à coup l'opportunité d'une vision, c'était ça, du début, ça l'a toujours été
J'adore ma garce, sale et rouillée. Raffole de ce projet, mecs furieux, paquets de mer

Est-ce elle, ou moi, ou lui, qui a changé ?
je me transite, impénétré
pas même aligné avec l'idée de ce que je suis


Boudha était ingénieur sur une barge
il a décroché son certificat, enfin, sagesse ultime, un jour d'opération en mer
Perdru il était entre esprit rationnel et chaos du chantiers, complètement choqué aux interfaces

Une année qu'était là comme soufflée, marquée nulle part, plus écrite ni commentée. Une année pleine mais sans indice. Quelle valeur une année si on ne peut rien en lire ? L'année s'achève, tu te sens comment ? Ça ira. 
Toujours ça ira, s'en allant toujours, ça ira tous les ans. 
Mais cette année, quand même...
___
le chat passe dans tes yeux dans tes reins
sa queue de poil et son corps entier de poil
passe à l'intérieur d'un endroit pour te caresser

mardi 3 juillet 2018

AF1533 - 3 juillet : du tout

sans plus bouger
du tout
du tout
du tout

délier un doigt délier un doigt délier un doigt
délier un doigt délier un doigt délier un doigt
reprendre doigt sur le clavier
pour rien dire rien signifier, le normal, l‘inchangé,
violente normalité du quotidien


délier les doigts
délier les doigts
partir voler
et revenir, posé
je vais revoir paris, c‘était un départ, un vrai de vrai une envolée pis haut, hein, vachement loin en vrai
délier les doigts
délier les doigts
rien que ça

retrouver le clavier, les mots qu‘on peut y faire, le silence entre les touches
je sais pas moi
c‘est une question qu‘on ne pose pas
faut juste laisser aller

l‘ECM est plutôt plat ce matin
pas d‘éclat, ni saillie, rien de brillant qui surgisse
on dit quoi ?

On veut vendre quoi, dix garces, elles sont belles mes garces, chopez mes garces, prenez-les, reprenez-en, pardi
garce offerte garce donnée garce à saisir comme elle vient



d‘abord il y avait la chambre 38 avec deux oreillers et puis la formidable ventilation
on aurait mis terme à tout réchauffement rien qu‘en la laissant aller
puis de l‘acier, tout autour, un navire tout  entier
et un peu d‘eau: forcément. Au moins tout ça

d‘abord ça, puis beaucoup ailleurs,
plus trop paris, des jours des semaines des mois
sans plus bouger, sans plus bouger

jeudi 7 juin 2018

AT0788 - 7 juin : décousu

Maïkeul et Solange se sont choisis une vie.
Loin de la Bretagne, doucement, se morfondent. 
Il y a eu des enfants, puis de petits-enfants. Des amis, puis des distances. Une immense chambre à coucher.


Le constat est indéniable: voici deux vies isoclines, pas mieux miscibles dans la géographie alentour que dans la société actuelle. Deux capsules par quelque secret mystère juxtaposées. C'est rond et lisse. Légèrement anxiogène.
Ils bougeront bientôt pour un ailleurs étrangement identique, qu'on devine pas mieux incarné. Même chien idiot, même accueil absent ?

Ailleurs, différent, toute pareille, Nathalie perdue bien perdue, dont l'esprit boucle et la vie linéaire se prolongent, se prolonge. Partout liée à tous, on ne sait pas quelle autre barrière elle aura élevé contre le monde, contre quoi, envers qui ? 


Soleil du Maghreb et termes de la vie sanctionneront tout ça avec la rigueur biologique qu'il faut. Même si on veut pas, il faut toujours. Ne persisteront pas même quelques paragraphes abscons pour décrire les grands horizons de ces vies. Vies, petites vies, vous m'interrogez, forcément ? Pourquoi vous, ici, pourquoi nous tous et chacun ?

Tous sont ici bas ce qu'ils pourraient être ailleurs. 
Intégrés. Désintégrés. Parfaitement constants dans un ailleurs permanent. On leur souhaite bonnes chances.



Tous souhaits émis j'allais traînant lorsqu'au passage d'une vitre, un reflet m'a claqué.
Pauvre, pauvre toi!, constant, inconstant, ailleurs et jamais bien rentré: les reflets ont cette malhonnêteté toute de rigueur optique. Cet irréfléchi tellement personnel, jamais traversant. Je m'y retrouve, pardi, pour m'y perdre mieux encore.

Décousu du premier fil, comme ce mec à qui on donnera pas un clope.
Comme cet écran et tous les autres qui nous regardent un peu mieux chaque jour, rendant autant notre image que l'écheveau de ce qu'on voudra bien croire, entendre. Mal dire. Médire ?
Je m'y complaît. Retrouvons-nous y tous.
Qu'advienne finalement le règne du décousu universel.

___
C'est un jour comme celui-ci, un peu plus tard, un peu plus tôt, que tu découvres sans surprise que quelque chose ne va pas, que, pour parler sans précautions, tu ne sais pas vivre, que tu ne sauras jamais.

mercredi 23 mai 2018

AF0429 - 23 mai : segment invalide

J’étais en train de secouer ma femme,
remue un peu tes roudoudous, on vole, on vole!, on se casse, là, quand: vlan. Un ETKT est apparu dans la boîte mail. Ah, ça. Entre folie et caprice, les machines ont choisi de me foutre bon an mal an sur un vol retour en capitale, autant dire: presque Paname.

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Log Date: 2018-05-21 15:03:36,970 (Session: 32F31E861DC14616916D828DE9E2DE34) 

Rendu à l’aéroport j’ai eu beau secouer encore l’ordi en tous sens, c’était toujours erreur sur erreur, listing impossible, segment absent et je ne sais quel autre formidable absconnerie. Voilà le faciès d’une fin du monde au nouveau siècle - c’est gratiné.

Puis le pays : à l'avenant.
Tout y était, les gens, villes, routes, ambiances, bouffes. Et l’alternance des jours.
Mais rien, cependant, qui constitue un voyage. L'ensemble ne somme pas bien. Alors tout ça réuni, et moi, on se regardait comme des damnés du néant. N’effectuions pas cette petite danse que je connais, que je souhaiterais.

Être là, c'est à dire : pas ailleurs, engage tellement.
Rien que sur le plan vestimentaire, par exemple. C'est un gouffre.
Et alimentaire ? Deux gouffres ! Nombreux les gouffres, tout déboisé le garçon, à tâtons : avance encore.
Vivant benoîtement, du coton plein les oreilles afin de taire les doutes, j’allais pour poursuivre un peu n’importe où, peu importe où, quand l’avion lui-même s’est opposé.

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Log Date: 2018-05-21 15:03:36,970 (Session: 32F31E861DC14616916D828DE9E2DE34)

Ce flou renvoie à mes expectatives et au souvenir prégnant de ce pays. Y a un truc, ça colle pas. Je reprends les rues, répète les rencontres. Charmants, charmantes, tout ça est bel et beau, mais ensuite ? Je te raconte la suite ? Tout y était.
Tout. Je répète.

Tout.
Les gens. La ville. Le retour.
Tout ce que j’aime, rien qui m’inspire.
Sans attendre ce dernier jour, j’ai repensé à ta remarque sur le choix de cette destination. Rêve de vivant, intense, charnel et familier. Rêve d'un passé, coquin révélateur de ce qu’on est plus.
Il a fallu cela pour repenser un peu : à peine 15 ou 20 mille kilomètres en l’air, alors oui, ton commentaire, presque anodin, faisait mouche.

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Aurait-il convenu de reculer, plutôt, ou zigzaguer, je ne sais pas. Quelque chose persiste ici, néanmoins. De ma mémoire ou de mon être. De la distance entre les deux.
L'océan entre les deux ! Parfois profond, long comme des bras nombreux.

Deux mondes de gouffres séparés par un gouffre de monde.
Des jours s'achèvent, l'errance continue;
nu sous un ventilateur, règne l'indolence...

mercredi 25 avril 2018

AF1082 - 25 avril : direction incertaine du majeur pointé

voilà un personnage
ce serait notre héro
le personnage ni ne bouge ni ne grandit
rien progressé depuis jamais, pas incarné, ni esquissé : le personnage n'existe pas
pas plus l'espace qui l'entoure, la quête qui l'occupe, la direction qu'il cherche
il n'y a qu'un grand tourment de verbe et beaucoup de vide autour
un fort courant du désir, mais quelle carnation ?
l'animal est un mythe je me demande ce qu'elle y met
le sujet en est un autre, le même, je me demande toujours
toujours : mais quoi ? S'il n'y a que ça, personnage / animal / sujet sont condamnés
vite tresser un chandail trop grand, il faut: englober les trois, il faut: saisir la matière qui n'y est pas vraiment – où est le sujet ? Enfui le héro, il y a quelques lignes il était là encore, déjà insaisissable, le dogme du réel se dégonfle en virevoltant dans la pièce
c'était vous
c'était moi
c'était l'idée que nous avons eue, un jour, qu'il faut taire jamais
essaie de penser à autre chose, figure-toi l'impossible : une bière, une quille de rouge, à la limite
PAS UN HOMME
PAS UNE MÈRE
dans l'horloge, rien de rien
la réparation n'aura pas tenu
plus personne, ni personnage...
___
On court se jeter dans le grand déversoir où viennent se défaire, se nouer, les rails, les routes, les rencontres, une vraie ville, des lieux publics, enfin, où le hasard bat les cartes. Des rues que personne ne tient, des cafés irresponsables...

jeudi 19 avril 2018

Espace modèle 5 - 19 avril : le temps perdu

ma pauvre amie est si esseulée,
elle est toute nue, n'a pas de mots...

A la recherche du temps à perdre on a roulé, roulé, trouvant bientôt le temps long, le temps vrai, l'infiniment étiré, interminable et trop assis. Couché en un long ruban infini, lisse et offert, qu'on explorait de flash en flash sans jamais décélérer
moments insupportable sinon comme ça, l'un l'autre, sa main dans mes cheveux, instant fragile.

Fragile aussi l'écheveau des lettres, ce mot, cet autre.
Ce qu'il faut de vide et de calme avant qu'ils ne poussent dans le silence, se structurent et partent enfin s'égayer, souvent en vain, trop souvent!, dans l'espace entre les êtres, ce recoin bien oublié du repli cortical, ou cet autre d'une page jamais bien vue.
La vie à côté ce serait du luxe, un truc d'une résilience inouïe, pullulement persistance même dans le trépas, surtout dans le trépas...
Cependant dans le cadavre drosophile et asticots sont une évanescence. Ravissante pourriture, tout bourgeonnement, pleine effloraison du verbe

alors après qu'on a
dormi, redormi.
Aimé encore et again.
Chaud, froid, bien, toujours.


Certains mots idées virus ne sont pas en reste, naissent sans qu'on sache vraiment et plus jamais ne reposent, vont bondissant, d'une bouche à l'autre, croissent en raison géométrique
voire presque : exponentielle
merveilleuse pourriture !

Ce silence, la fin des mots, c'est ptète aussi un terme à la corruption des idées. Le terme de ma perversion, ou sa transmutation vers un autre genre de violence ?

A chaque extrémité du voyage, deux antithèses. 
Calme absolu, ville pleine. Tout le reste n'est que régulation de vitesse, flash, restriction encore. Les procès verbaux attesteront de cette parenthèse de bien-être. Il ne resta qu'à bénir le lieu, et notre hôte.

lundi 2 avril 2018

AF0007 - 2 avril : passer au dessus

Messieurs mesdames,
gens gentes,
levons nos verres à Blaise. Baissons nos verres.
Remplissons nos verres. Buvons encore.

Blaise est là, fulgurance où il n'a jamais été, son verbe aussi, comme jamais, filigrane sur le palimpseste de la ville.
Me voilà à une table où l'on cause comme ailleurs, mais différent. Le propos n'est pas particulièrement plus sacré qu'un autre. Y siègent les convives qu'il faut, jeunes et vieux, de beaux, d'autres chiants. Qu'on dise la hazgadah ou l'horoscope, c'est égal. La soupe est bonne ! Mangeons la matsa et le harosseth, car il faut.
C'est aussi une forme d'hommage.

C'est la table de pessa'h, quelque part dans le plus grand, le plus beau ghetto de la ville.
Il n'y a pas si longtemps encore c'était une toute autre table, un ailleurs. Nous étions partis pour dévorer l'agneau, zroua ou sacrilège, à bonne dent. Avions trouvé visages fatigués et gargote pas fameuse, laissant les voitures respirer dehors à grand coup de radiateur.
Ce brouet fut haror. Avant même d'y goûter, un gars s'offrait toutes les marchandises qui sommeillaient dehors.
Sacs, sacoches, manteaux.
Provisions, jeux. Stylo, carnet.
Même les caleçons. Surtout les caleçons !


C'est comme ça, ya les bouzins qu'on perd, ces autres qu'on casse,
celui-là a filé, kidnappé, pendant ce simple repas d'autoroute.
Voilà comment, un jour, il fallut partir, encore!, apprivoiser un nouveau compagnon des virtualités.

Dans ce projet quelques spectres, beaucoup d’écueils.
Projet vague, projet persiste, cependant. Projet singulier, bien personnel.
Voilà qu'un formidable silence se fait. Gagne, partout grignote.
Mutisme absolu qui devient inflexion en soi : renouveau par le vide.

Advient la nuit. Dans cette ville la nuit éclate de lumière. Le sol gronde, la fureur plus encore. Au terminus du train quelques éclats encore, puis voilà ma chambre. Petit carré de silence et radiateur bouillant que je renonce à modérer.
Advient la nuit, échappent les songes par la fenêtre entrouverte.
Grande impermanence de l'être et de l'objet.

Tu perds tout dans l'abandon du sommeil, croyant encore au réveil salvateur.
Au réveil... Quel réveil ? Au réveil c'était encore moins ça, un peu le même mais tout défait de vieillerie et xylocéphalées...



Au réveil la ville est là, qui jamais ne dort. Frustre, frustrée, frustrante, impermanente ! Toujours elle, croissant en hauteur pour échapper aux doutes. Bruisse et gargouille, encore, comme une tripe de mourant. Rien saine.

A la fin il fallut rentrer, l'ordinateur n'était toujours pas là. Sur la hotline aucun dieu ni prophète qui réponde à mes cris malgré tous ces holocaustes. Crachant par terre et maudissant tous les saints, j'ai dû invoquer quelques malins pour qu'enfin Il Advienne.
On est repartis, cahin caha, alors ce repas à terminé son transit dans l'intérieur extérieur. Libérés des dieux et démons la machine et moi avons regagné Paris. C'était déjà presque l'avant printemps...

___
Déjà un bruit immense retentit sur la ville.
Déjà les trains bondissent, grondent et défilent.

Les métropolitains roulent et tonnent sous terre.
Les ponts sont secoués par les chemins de fer.

La cité tremble. Des cris, du feu et des fumées,
Des sirènes à vapeur rauques comme des huées.

Une foule enfiévrée par les sueurs de l’or
Se bouscule et s’engouffre dans de longs corridors.

samedi 3 mars 2018

AF1659 - 3 mars : le cas animal

voici animal
animal est en voyage, autant qu'au retour, perdu
animal dans un piège attrapé, voyage à deux
piège et animal, désormais tant comme un seul, par delà ici et cela, ceci là, ou ailleurs, dans l'endroit qui diffère sont comme différemment mais toujours les même: même caillou même nuages, les même deux, toujours lient leurs doigts, vous pouvez pas comprendre
lient leurs doigts et soudain s'unissent
voyez ça, selon la coutume, admirez, 
quel soin dans le coït, savant dosage fusion sauvage : hein ?

Est-elle fragile également ? 
Est-ce palpable ?
Est-elle clouée ou envolée ?
est-elle on ne sait pas
est-elle on a jamais su, on ne saura jamais
on ne saura pas mieux si on abuse un pauvre alcoolique sans défense, ou si on brode un vide sur un vide. partout un voile léger, aérien, constant, dénie qu'on pointe, qu'on dise, qu'on sache

https://fr.wikipedia.org/wiki/Cy_Twombly

Armand B était campé au bar Es Club, impossible de le rater, quel immense artiste de notre temps, un phare dans la nuit, rayon cosmique sous le voile alcoolique
deux putes sur chaque jambe, le mâle râlait quand je me suis approché
cet intangible tiers animal, sa manière d'être sans exister, d'écrire sans doigts, ferait passer l'envie de boire à jamais...
l'intangible se tourne vers moi, son regard sans yeux au travers de moi : fulgurance du transpercement, quelle sensation est-ce là ? 



il dit : ni être bienheureux, ni savoir vraiment
il cause, peu, questionne, beaucoup
entité, tu t'entêtes ? existes-tu, dans quel au-delà du mot et de l'image ? pour aller, danses-tu ?
pas plus que nous autres, pas moins que nous tous. tu as droit, entité, à quelques mots curieux. animal curieux, animal lassé, déjà, va pour continuer ce voyage ou tout autre. va pour dire: merde, mais doucement, très lentement, merde. signifier par l'ennui, par le silence, l’épitaphe, la dernière pierre.
le voyage sans cesse. d'autre bars. d'autres animaux.
alors le film, comme la vie, continue...

dimanche 18 février 2018

AF0871 - 18 février : sans ligne droite

Le temps, qui veille à tout, a donné la solution malgré toi.
Le temps, qui connait la réponse, a continué de couler.
C’est un jour comme celui-ci, un peu plus tard, un peu plus tôt, 
que tout recommence, que tout commence, que tout continue.

Une notion de début, de fin, comme d'une bouteille qu'on débouche, on découvre, on se saoule et allons courant en grognant des jurons
un voyage comme une année, long et désarticulé, tout défilé de sa structure, pas bien saisi dans nul schéma
il y a la voiture, le véhicule, un corps, un pays
mais ici personne ne suit trop la ligne, pas plus l'année ses jours 
un récit structuré ? Pour rien. 


Qui se souvient du ciel ? 
Une notion, comme le reste, comme le vent, qu'est tout le souffle de vie, et pas mieux tangible qu'une petite valse, si peu
alors on ouvre, on goûte, on roule
un kilomètre, une année, quelques amis, la ville
le pays, je ne sais plus, me reste comme teinté de soleil et vin blanc

j'ai fait couler un peu d'eau dans la baignoire pour remplir le siphon
puis vécu là quelques jours heureux qui restent dans ce nulle part entre les lignes
comme une marque d'amitié sans la brûlure du soucis

jeudi 1 février 2018

AF1423 - 1er février : rien perdu

mais le matou revient,
le jour suivant
le matou revient,

Convoler, c'est bien. Mais personne ne s'y applique au sens étymologique ! Ça convole comme ça, l'air de pas y toucher, bricole en mâchouillant de petites saucisses knacki sans délicatesse. Mastique, déglutit. Mais convoler, mon petit !! Saurez-vous jamais ?  
Convolant, donc, j'échouais aussi ce jour-là, autant que toi, que lui, vous tous. Convolais en ne réalisant qu'un vol aussi simple que con avec ma saine et légitime. De là traînait tout mon saoul pour le reste du jour, des lendemains, dans le bel hôtel, les bars charmants... Tout retour est affaire de lendemain. 
Il faut une pause et un lendemain à chaque chose. 


Pause au départ. Arrêt sur image pour décision de l'arbitre : quel mari, quelle femme, quelle convolution avons-nous là ? 
Mari et femme en annulation et excuse à tout engagement. D'impropres turpitudes m'étaient tombées sur le pied avant l'envol, alors c'est le cœur bien en peine que j'établissais la distance.

Au retour, rien pardonné, rien condamné, le soleil tentait insolemment quelque rayon d'optimisme. Tu y crois, toi ? A ces histoires, à ces vies ? On était jamais, du début, qu'un moi, qu'un toi, deux nous apôtres de l'à quoi bon, déterminés au silence aussi fort, aussi vain que toutes les mauvaises du monde... 


Un jour, reprendre parole. 
Se décider, enfin, à détester les gens, honnir le lieu et abhorrer les circonstances. Pis surtout, conchier l'idiot... Pulvériser, enfin, tout ce qui a concouru à rompre l'homéostasie. 

Mots jetés contre mur du silence, comme sexe bavard contre l'autre, taiseux. Marqué le point négatif. Retrouvée la ville. C'était encore matou, toujours moi, alors les indénombrables garces ont repris rôle et titre.
Alors ?
Alors la vie a continué: rien perdue. 
___
Il n'y a pas de mains propres, il n'y a pas d'innocents. Il n'y a pas de spectateurs. Nous nous salissons tous les mains dans la boue de notre terre, dans le vide de nos cervelles. Tout spectateur est un lâche ou un traître. 

lundi 22 janvier 2018

AF5001 - 22 janvier : magique, décevant, intègre, et vide

Échappement horloger
Un an de rigoleï, baiseï, me voilà bien fatigueï, tiens !
Quel zigue, dans quel bar, me débarrassera de c'teu fichu biais lexical ? Faudra sans doute en fréquenter quelques uns, quelques autres, avant de s'en dépatouiller. Bien écouter la litanie des comptoirs. S'imprégner des restes de liqueur qui y traînent.
Il sera là, engagé dans quelque passion oratoire, rien à foutre ! Elle sera là, glosant dans son mobile, inanités.
Alors, tac! tac! D'un basculement sec, entrerions dans une nouvelle ère.
L'ère a pourtant commencé. Je suis là, attendant comme un con la levée d'impulsion. Les claquements de l'échappement s'entendent distinctement, comptant secondes, orgasmes, erreurs, mais rien n'advient.

Pour cette nouvelle ère la réforme commence par la perte de l'oubli. Nul téléphone, aucun colifichet qui manque à l'appel lors de ce retour. La palpation révèle pourtant un vide. Dans la transition entre palette de sortie et d'entrée quelque chose a fuit.

Hashtag n'est pas dièse, Rauma n'est pas Pointe-à-Pitre, il n'y a pas de rhum mais un bel ami poilu, c'est mieux, c'est pire? La nourriture en tous cas: pire. C'est un fait acquis. Le colocataire, terrible, tout autant indiscutable. Puis le froid, ah, le froid...

Ici sont des clubs pleins de blondes, des quilles pleines de vodka, alors tout n'est pas perdu.
Une année laisse la place, une nouvelle traversée s'initie. Le temps des poncifs, bons mots, bons vœux, bonne idée, encore un chocolat mon ami ? Fin janvier, début des errances, celui-ci sera tout décousu, bien distillé.


Levée d'impulsion ? 
Si on prend des mots, disons ceux-là, ou les suivants. Qu'on les pose là, pour l'oubli. Assez longtemps. Il ne reste bientôt plus rien. Le mot est faillible. Se dissout. Bientôt : plus rien.
Pour venir jusqu'ici, c'est simple. Il suffit de vouloir, puis perdre encore tout plein de volonté, monter monter encore vers le Nord souverain. Arrivé là, facile. Il n'y a qu'une rue. Aller au bout. Alors commence l'impensable : rester, pourquoi ? Survivre, comment ?
Ici il convient de trouver beaucoup de charme à être soi, seul, déconvenu, mais bien, afin de survivre au pays. Ou aimer la cause perdue, l'eau solide, qui d'une centrale impossible, qui d'une contrariété quotidienne.

Mais ce que j'ai préféré dans ce voyage, c'est le décollage du début.
Il tardait comme un errement, grand démarrage.
Échappement à chevilles, à palettes, à recul... Quel qu'il soit je me le souhaite proche et prompt. Que bientôt rien ne subsiste de l'ancien accent, de l'homme périmé, des biais qui firent nos malheurs.

Ne nous réclame pas la formule qui pourrait t'ouvrir des mondes,
mais plutôt une syllabe torse et sèche comme une branche.
Aujourd'hui nous pouvons seulement te dire
ce que nous ne sommes pas, ce que nous ne voulons pas.