jeudi 7 juin 2018

AT0788 - 7 juin : décousu

Maïkeul et Solange se sont choisis une vie.
Loin de la Bretagne, doucement, se morfondent. 
Il y a eu des enfants, puis de petits-enfants. Des amis, puis des distances. Une immense chambre à coucher.


Le constat est indéniable: voici deux vies isoclines, pas mieux miscibles dans la géographie alentour que dans la société actuelle. Deux capsules par quelque secret mystère juxtaposées. C'est rond et lisse. Légèrement anxiogène.
Ils bougeront bientôt pour un ailleurs étrangement identique, qu'on devine pas mieux incarné. Même chien idiot, même accueil absent ?

Ailleurs, différent, toute pareille, Nathalie perdue bien perdue, dont l'esprit boucle et la vie linéaire se prolongent, se prolonge. Partout liée à tous, on ne sait pas quelle autre barrière elle aura élevé contre le monde, contre quoi, envers qui ? 


Soleil du Maghreb et termes de la vie sanctionneront tout ça avec la rigueur biologique qu'il faut. Même si on veut pas, il faut toujours. Ne persisteront pas même quelques paragraphes abscons pour décrire les grands horizons de ces vies. Vies, petites vies, vous m'interrogez, forcément ? Pourquoi vous, ici, pourquoi nous tous et chacun ?

Tous sont ici bas ce qu'ils pourraient être ailleurs. 
Intégrés. Désintégrés. Parfaitement constants dans un ailleurs permanent. On leur souhaite bonnes chances.



Tous souhaits émis j'allais traînant lorsqu'au passage d'une vitre, un reflet m'a claqué.
Pauvre, pauvre toi!, constant, inconstant, ailleurs et jamais bien rentré: les reflets ont cette malhonnêteté toute de rigueur optique. Cet irréfléchi tellement personnel, jamais traversant. Je m'y retrouve, pardi, pour m'y perdre mieux encore.

Décousu du premier fil, comme ce mec à qui on donnera pas un clope.
Comme cet écran et tous les autres qui nous regardent un peu mieux chaque jour, rendant autant notre image que l'écheveau de ce qu'on voudra bien croire, entendre. Mal dire. Médire ?
Je m'y complaît. Retrouvons-nous y tous.
Qu'advienne finalement le règne du décousu universel.

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C'est un jour comme celui-ci, un peu plus tard, un peu plus tôt, que tu découvres sans surprise que quelque chose ne va pas, que, pour parler sans précautions, tu ne sais pas vivre, que tu ne sauras jamais.