jeudi 18 mai 2017

AF1105 - 18 mai : honorer, pas rater

Ah, s'endormir ! Faudrait rester toujours dans ce petit clapot de méconscience qui jouxte la bascule dans le sommeil. N'avoir plus pied, sentir le courant. Barboter dans l'indéfini emmêlé de réel et d'imaginaire. Se perdre dans l'illusion hypnagogique...
Le délicieux abandon!!, quand enfin le corps s'affranchit de la pesanteur et va flotter dans le grand bazar. Tout serait parfait si on ne se réveillait pas, couché, et persistions à être.


Le réveil est un peu dur, ce soir. C'est un retour spectaculairement pragmatique. 
Le spectacle est à 19h30. Il faut y être à 19h15. Dernier carrat. Tout simplement impossible. Compter aussi 20 minutes de retard au décolage, fallait bien ça. Que verrai-je ? Qu'aurais-je vu si j'étais lui ? La carlingue flotte soudain à son tour. Fin du questionnement.
Rien à foutre.
Champagne à foutre.
Reste à foutre un monde entier.
Le monde entier reste, moi j'y touche à peine. Tout juste si je le carresse un peu, du bout d'un doigt. Guili guili, monde joli...

Il y avait parole dite, parole donnée,
aventure vécue, et oubliée
puis conjonction de tout ça, comme improbable convocation : c'était à Rome
ce jour là on confronte, comme dans les pire enquêtes, comme dans les meilleurs films : qui, le méchant, qui la victime ? Rien, juste deux amants lointain perdus, qu'une molécule de cialis n'avait jamais réuni.


Le temps d'un gelatto ou d'un ristretto, l'illusion est partout, au dedans de nous, dans nos échecs, nos terreurs, nos errements... Rentrer, je crevais soudain d'envie de me réveiller ! 
Que foutions-nous dans ce bordel ? Pas même boire déraisonnablement. Pas même abuser, baiser ou quoi. Juste s'illusionner sans fin. Persister à croire qu'il n'y aura pas de réveil. Juste se réveiller toutes les heures pour le repousser encore, encore. 

Gares, retours, promesses sont perdus dans les brumes d'un présent trop tangible. On continue sans compas, ni regard rétrospectif. Le patron nous laisse même plus aiguiser les crayons, que voulez-vous ? Vivement la quille, les jours tranquilles. Sédentarité acquise, point fixe, alors oui : le temps, enfin, de border ce récit. 

lundi 8 mai 2017

AF0055 - 8 mai : toutes les figures du dressage

Voilà encore deux femmes. Elles jouent à débourrer la bête. Etre bête, c'est une vocation pourtant. Que pourraient-elles y faire ? 
D'ailleurs, qu'est-ce qu'on a là, vraiment ? Un voyage, un balbutiement ? Une femme, un truc ?
Il n'y a rien, rien que deux villes sans passé ni futur, une jolie balade en train, rien. Il faudrait rentrer avant même de partir, rester une bonne fois pour toute. Mais quoi ? Nous étions corps contre corps. Mains bouches sexes, comme deux villes perdues. La chambre, immense. Rien. Le train siffle une troisième fois, il est temps de constater qu'il n'y a ni tunnel ni rail, c'est juste une balade...


Qu'est qu'on a là, en fait ? Quelques canassons, cons comme de gros chats un peu agiles, tâchant de différentier hier de l'an dernier tellement ils lisent de blogs et se perdent et reperdent, secouent la tête comme un enfant pris de terreur nocturne. Oh ! Tout doux !
Il n'y a rien ! Que des hommes que des femmes. Tous bien perdus se perdent et reperdent encore, tâchent en vain, réitèrent et perdent encore. Rien ! Tout doux gros chat mal mal grandi !


Le cheval et moi avons une mémoire linéaire. Linéaires de texte et souvenir, allons bon trot. Perdons ce qui importe. Tout ce qui nous importe, et ne compte plus vraiment.
Allons grand galop au devant du futur, le seul machin un peu drôle de cette fantaisie américaine : le néant !

Néant pour tous et chacun. Fin de non recevoir universelle ! A quoi bon continuer ?
Au retour encore, canassons et érections me trottent en tête. Les uns hennissent encore au souvenir des autres, et moi, bin moi je reste sot au centre de ces galops endiablés, comme une bête caravane sous le flot des indiens : bien interdit...
Souvenir de souvenirs, quand bientôt l'une soumettra son ultimatum
l'autre, son chant du signe. 


Connasses en perdition, fin de transmission, demain on rase gratis, ces affaires de chevals sont une galéjade du début. Tout faux, tout wrong !
L'une me dira : c'est ça, ou rien. D'ailleurs, c'est ça, ou ça, la logique le veut, la logique l'impose !
L'autre me dira : tes yeux, ce regard, cet instant, cette magie, avant de commencer à porter les coups, stupides, mal avisés.


Ne reste que toi, petit soleil,
ma précieuse, très chère enfant, qui me glisse tendrement "connard" en fin de soirée, montrant ses deux majeurs. Connard, connard, connard ! si tendrement, si honnêtement prononcé, que je la voudrais aimer et prendre dans l'instant.
Instant de la voiture qui viendra, instant du bateau, toujours éternel !
Aimer n'est plus un secret, juste une valeur boursière qu'il faut acheter et acheter encore. Jusqu'à la ruine.

Reste que. Canasson, érection, déréliction.
Parce que là, si je compte bien, ce n'est plus une, ni deux, ni plus, ni mieux ? C'est le néant, qui toujours plus près nous cerne et de vide empli l'espace. Et de silence. Le silence...