lundi 26 juillet 2010

AF 2325 - 26 juillet : Tout est vague et varié

Et tous les jours tous ces avions qui volent, moi ça me rend folle !
On en était à une histoire embrumée autour de l'AF 521, obscur comme une grande pyramide, et la femme parfide de répéter, bah ouais, j'y suis retournée, et avec un guide, un vrai de vrai, bien mieux mieux que ton rien du tout
du genre qui parle et implante dans ton esprit le cadre propice
écrin* ad-hoc pour recevoir "le-truc-qu'il-faut-voir-à-tout-prix"
ce truc là, qui reposait en vrac dans la salle du musée, et que j'avais raté.
Homme imparfait... !!

Bref, recommençons. Paix des ménages, perfektitude du geste, couronne de papier, un an de bonheur
ça se fête ! Pour cet anniversaire les bougies sont mal vues
c'est qu'au poste logent tout plein de boutons écrans loupiotes manettes et autant de petits nerfs sensibles de l'appareil. Un geste de travers, oh non, aucun geste de travers, et les boissons, toujours par le côté, et la hache, seulement pour discuter avec les garnitures en feu, les humains vindicatifs se contentent de mots bien enrobés. Mon rôle-indispensable à bord : écouter sans broncher, pas bouger, ni moufeter

"232-Tango autorisé pour atterrissage derrière le 318
"volet 3
"trains d'atterrissage sortis, verrouillés
"piste 26 gauche
"décision... on continue !

Comme une suite monotone dans la vie parfaite : le palonier palone, la gouverne gouverne, le commandant commande, le PNC se prépare, l'auto-brake freine, les roues roulent, et voilà : le sol

Pour ce petit saut overnight on avait emmené la cicatrice qui gratte -deux lèvres ourlées humectées de sang qui peu à peu se rejoignent- et un pavé du grand lusophone qui s'inspire de Lisboa, justement...

Si je fumais, j'allumerais une cigarette à présent et je contemplerais le fleuve, pensant que tout est vague et varié, mais comme je ne fume pas je me contenterai de penser que tout est varié et vague, vraiment, mais sans cigarette, encore que la cigarette, si je fumais, serait l'expression même de la variété et du vague des choses, comme la fumée, si je fumais.

"traversée en Sierra-3
"contactez le sol sur 121.8
"à gauche sur Tango-November-Tango
"Parking en Delta-12

Là c'est vraiment fini je crois ; mais ce matin Paris me résiste
j'ai rebondi sur la ceinture périphérique
le vrai retour dedans la ville aura lieu ce soir
avant il faudra se débattre avec sel, poivre, cruche, tarte, compote, ramequin de salade... Premiers éléments de mon cadre professionnel ce jour. Alors ? Vigoureusement saupoudrer remuer ingérer assimiler tout ça en pensant très fort la journée à venir: 7h40 / 2
et la semaine, 37 h 20 coupées devant derrière
et le prochain départ, 6h32 ailleurs

Mâche. Mâche bien. Tu mâches,
et la digestion fait apparaître de petits êtres fantasmagoriques, couleurs vives, chacun son petit nom, bientôt apprivoisés, je leur compose un ballet qui occupe mon esprit et le coin de la table

Paris, tu serais le refuge climatique entre trois avions brûlants
Le repas s'achève. Dernière cuillère.
Au milieu du plateau vide un reste de l'ectoplasme d'homme parfait
tente un ultime barouf, au milieu des reliefs du festin solitaire

REPAS - Action de se nourrir; forme, rituel social pris par l'absorption quotidienne de nourriture à heures fixes.

*on disait en préambule :
"avant tout ce que l'imaginaire projette par anticipation"

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