mardi 24 novembre 2009

AF 1897 - 23 novembre : l'Interzone sans reine, ni lutins

Tiens, j'ai encore vraiment perdu mes lunettes. Ma vue. Mais pas que.
Mes ailes aussi.
Et la poussière d'ange d'une année en apesanteur.
Quel poids dans ces lieux!, qui a flambé la clim', bon sang ? Le générateur de graviton serait en rade ?

Il fait chaud. Et j'ai peur. Oui, un peu peur, encadré de cauchemars, serré par ces bêtes, au centre du carré, au Marché Central. Et cette crevette morte me regarde d'un œil mauvais, et cette huître baille, n'était-elle pas à l'instruction du procès, avec le vers géant, le marteau, toute la clique ?
Voici Casablanca, et l'homme heureux de Schrödinger, Connard Optimiste.

Chambre
Vaste cube au marché central. Parfait, dépouillé, sale, juste équipé du lavabo, un lit, une table, armoire, des draps gris
Échappées nombreuses, échappées vaines, pendant la cérémonie au hammam un complice va glissant de petites graines de doute sous cette veille carapace de crasse. Run back to the shelter !
Sa porte laisserait la voie à un troupeau de l'Aïd mais passent les heures, passent les jours, hein, à moins que j'ai pas fait gaffe... Il n'y a que moi, le corps lourd, vivant, et l'air vibre
Jour nuit, poser la tête sur l'oreiller, serrer ce qui peut l'être, le sommeil bientôt et les grands spectres viennent à moi, hilares, à grand coup de paume sur les cuisses

Interzone
A ma gauche au bar, un mungwump qui me dépasse d'une tête. Incroyable comme les descriptions en sont fidèles, je crois le connaître de toute une vie. Il boit sa 'Spéciale' mélangée de fruits pourris, avec une gigante paille. La musique est parfaite, puis saute et se perd. Lui, les autres, rencontres et rythme de mes pas dans la ville.
Parfois la bête inscrit des mots aux vibrations troublantes, insiste pour que je l'appelle aussitôt. De la médina, au bar de France, sur la jeté, au Calypso, partout précipités dans le jeu de mensonge et séduction, je sens leurs mains leurs hanches trop proches leurs corps pressants et la menace !

Départ
Vole vole C. O. d'espoirs infondés. Approche la Ville Unique le mur de ta vie la vitesse de l'avion, le monde, j'ai enfin compris ce non-sens!

Changer de lit changer de corps
À quoi bon puisque c'est encore
Moi qui moi-même me trahis
Moi qui me traîne et m'éparpille
Et mon ombre se déshabille
Dans les bras semblables des filles
Où j'ai cru trouver un pays.

A l'arrivée l'éternel C.O. trop impatient, un peu anxieux, bêtement gorgé d'espoir verse des regards profonds vers son terminal téléphonique, allez petit, dis-moi quel malentendu, quel embroglio, un appel, un signe, un truc, à quoi te voilà tout réduiiiiit ! Fichue tête de mule, saloperie d'intellect pur ! Je te déteste autant que je t'aime !

Coeur léger coeur changeant coeur lourd
Le temps de rêver est bien court
Que faut-il faire de mes jours
Que faut-il faire de mes nuits
Je n'avais amour ni demeure
Nulle part où je vive ou meure
Je passais comme la rumeur
Je m'endormais comme le bruit.

Le verdict tombe, notre C.O. a l'air mignon, glabre, bête, myope, perdu, fou ! Tourneboulé, pauvre hère, bienvenue dans le nouveau monde, cherche-les tes étincelles, chispas impossibles, fouille fouille et pleure, tes ailes perdues

Annulation

La procédure est simple. J'ai sorti ma souche de séparation, délicatement découpé le talon à la bonne page. Puis, gommé consciencieusement quelques 'M' déliés qui s'étaient glissés partout alentour, et toujours effaçant trouvé avec effroi la valeur de cette encre. Il y en a partout. Désormais des tâches sur mes doigts et ma langue apparaissent comme autant de certitude trouble
La couleur est sous la peau j'ai acheté une brosse au bazar
Ces pensées m'accompagnent dans la voirie hocquetante. J'erre lentement, scrutant les visages, c'est là tout près du cœur je sens encore l'instant de bascule
Voilà Paris. Pour changer des nuits blanche, s'offrir un furieux. Il danse sur mon ventre en criant. "J'en ai rien à foutre!" "J'm'en bat les couilles, chuis insomniaque!" et la nuit sans les spectres passe lavasse et grise. Welcome back.

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