samedi 15 octobre 2016

AF0083 - 15 octobre : comme un néant

Et pourquoi faudrait-il aujourd'hui, plutôt que demain, hier ou plus souvent, se concentrer, se livrer ?
Donnons plus de temps à l'intemporel. Moins de place aux mots. Double interligne. Marge des deux côtés. Page blanche !


Page vierge donc
Les souvenirs sont des chemises qu'on ne porte qu'une fois. Les mots ? Un pis-aller. Et les sanctuaires, des dressings où chaque fil, chaque trame, conserve l'empreinte de ce jour. Souviens-toi, ce jour là, cette étoffe m'allait encore, sans tâche ni remords.
Voilà qu'en bouclant les mots avec leurs chemises, maldito black-out de garce, j'avais dernièrement inventé le vivre-nu, sans mémoire et sans fringue, sans garce d'écho, ni once de remords. Et ça durait, et ça durait...
Puis advient ce jour où t'as tout porté une fois, où il te reste plus qu'à trier à l'odeur les vieux souvenirs, porter les chaussettes dépareillées... ou lancer une machine ?
Ce jour là, tout comme le bousier faisant tourner sa boule-échantillon du monde, la LG-F14375TD, capacité 7 kg, démarre sur le cycle coton automatique – 40°C, essorage 1400 rpm, histoire de bien purger la mémoire, vidanger une bonne fois les méninges.

Transition
Il faisait le temps qui change. Une lumière nuit jour. Un calme d'avant l'un peu après. Passée la nuit, le ciel a tapé un grand bleu tiède, bleu comme ces rêves mous de la sieste d'après midi, quand l'autre frappe au piano, et les méninges s'envolent. Bleu suffisant pour sortir le Tancarville au grand air, étage élevé, beau balcon, alors le ciel se chargera du reste.



Comme les chemises, comme les souvenirs, les insectes -bousiers, cafards, punaises, et le miraculeux hexapode-humanoïde fruit de l'Amour précédemment évoqué- n'en pouvaient plus d'attendre la conclusion, le terme de cette épreuve de transhumance. Ils en sortiront vivants, forcément, renforcés, c'est certain, et ravis de la balade et du joli logis.

C'est arrivé : comme ça
J'entassais des souvenirs, bibelots, chemises, insectes dans ces cartons. Détestable héritage de parallélépipèdes gris. Le ciel, pendant ce temps, variait tout son saoul. Nuage et pluie. Retour au bleu. Grand vent. Course de tancarville sur la piste de décollage.
Naturellement, celles taillées dans le tissu le plus léger se sont envolées les premières. Chemises chemises, petits carrés de tissus, symboles de presque rien, victimes de ce vide immense, de ce projet insensé : peut-on réformer l'hoirie, la mémoire ? Le vieillissement d'un parent ? La seule réponse qui vaille n'empêche pas d'y croire en vain. Ainsi vainement frotter gratter emballer déménager. Cette écurie d'insectes et de concepts mal tissés, à l'instar de l'étable de la grande Arche, est elle aussi condamnée à terme par excès d'ambition...



Pourquoi ce jour ? Sous prétexte que ce jour plutôt qu'un autre, il ne faut pas renoncer. On abandonnera la garce de tout espoir après la fin, quand même le piano n'en pourra plus. Alors, mieux qu'un coup de gomme, c'est portée par le vent que cette histoire se disperse, et continue...
___
Pendant que la marée monte
et Que chacun refait ses comptes
J'emmène au creux de mon ombre
Des poussières de toi
Le vent les portera
Tout disparaîtra mais
Le vent nous portera

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire