samedi 4 juin 2016

AF755 - 4 juin : parenthèse

Où est le soleil? 
Dans une valise dans une cave dans une rue dans un caniveau? 
Dans une poche dans une verre dans un sexe? 
Lundi gris. Paris un jour, Paris toujours. 
Il bat la mesure du temps en suspens.

ils auraient pu laisser la porte de l'avion entrouverte, donner place même juste un tout petit poil à un mince filet d'air et d'espoir, mais c'est fermée bien fermée, armée vérifiée qu'on est parti vers l'espace et au-delà,
comme le schtroumpf astronaute voyant les nuages à la Gondry et tout l'équipage sautant sur les ailes pour faire comme si, j'aurais pu me rendre compte de la supercherie, mais non, porte fermée, sommeil sommeil et à l'arrivée vous aviez tous changé, grimé les visages, la peau sombre plus sombre encore, les rues la ville rien n'était plus semblable.


alors voilà. je suis là où, sans raison je suis. à cause de rien, à cause de tout. besoin de partir sans nécessité. envie de filer sans désir. manque de désir, longue journée de rien, de simple : de retraite. on prend soin de moi. je prends également, de moins en moins patiemment, mais aussi.
passent ainsi des jours, grand train, sans même lire ni prétendre rien. c'est comme se découdre, doucement. les boucles sautent, à peine un petit bruit, pendant que Paris se vide sans crier gare, ni centrale, ni rien.



ici plus qu'ailleurs rien de rien n'oblige à rien
ni ce qui précède, ni ce qui suit
ni la question, ni la réponse
dans cette chambre d'hôtel pourrie, celle-là, ou une autre, pas plus ce temps du voyage qu'un autre, ne s'impose. à l'être conscient aussi élevé soit-il, seuls importent la température et l'hygrométrie.
tout le reste n'est que moral : inutile.
il faudra pourtant donner un beau récit de ce pays. on dira raconte, raconte, voudra une part du rêve, quelque paysage merveilleux. je raconte ? Allah était grand, il a bu dansé trop fort ce jour là, c'était un vrai bazar. du coup des hommes en pantalon, chaussure. des femmes sans oreilles. la Cause trop partout, et une condition entre extase pleine et misère entière.



frotter imaginaire et réalité, à quelle fin, aussi ! 
voilà pour toi, leçon gratuite, petite claque du réel. car tout n'est pas conforme, jamais rien ne supplante l'abolition du verbe et du mouvement. dans cette immobilité d'avant la crampe je pressentais déjà le fourmillement de la procession à venir. fallut laisser là tous les amis neufs, le pays sa modernité sa misère ses contradictions, rentrer, quoi. pour découvrir bientôt qu'aux mots non advenus se substituait un grouillant empire parasite...

le repos absolu n'existe pas.
tu sais je sais nous savons.
depuis toujours nous le savons.
___
homme approximatif te mouvant dans les à-peu-près du destin
avec un cœur comme valise et une valse en guise de tête
buée sur la froide glace tu t’empêches toi-même de te voir
grand et insignifiant parmi les bijoux de verglas du paysage

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