mardi 10 avril 2012

AF 417 - 10 avril : leaving in Paris

il faut il faut il faut
que je, que je... que... je
ce truc, ce machin, j'ai fait une liste, là!, regarde
des trucs, compiler, écrire, des gens, rencontrer voir parler
mais l'atonie. l'atonie... 
comme une nouvelle molécule : "mélatonie" ?
ooooh. ce bureau. ces claviers. ces gens. ces listes. ces trucs.
ne rien faire. traîner. ces heures. ces idées. traîner des envies.

il faut tout capturer avec ton oeil gauche.
les impressions. laisser frémir. ta narine.
tout saisir, prendre avec les dents.
mâcher longuement. tout avaler. le goût des choses.
chaque bouchée, tout du monde. et à la dernière, une bonne gorgée de sang du martyr, déglutition!, sommeil.
aucun orgasme qui vaille ce festin ! nectar des impressions ! à ce départ, une ville au petit goût de sel, chaleur de fin d'été, résidu de sudation, osmolarité du plasma... 


il faut ce monde. tout comme la pièce, un monde qui finirait par ne jamais retomber, et sur ses deux faces c'est le printemps, c'est l'automne.
il faut repartir. alors un jeudi soir, je la relance : et... fais face !
revoilà un pays, revoilà un ami, une nation, sa monnaie, on se réjouit que tout soit tellement identique, et si différent. la lumière n'accroche plus pareil. ni le regard. combien de temps a passé ?

il faut grandir. le temps fait ça, il passe. on grandit. évitant toujours plus mal la plastification cérébrale. on inventera le cerveau visco-élastique, tu sais, à grand renfort de solvant éthylique. aucune synapse n'y sera plus en regard d'un même neurone trop longtemps. PLOP, qu'elle fera, se déconnectant, repartant à la dérive des idées vagues. 
le regard aura cette intermittence, aussi.
on ne saurait plus vraiment dire s'il est, jamais.


être où ? où suis-je ?
mal assis. mais où ?! puni en demeure, il est temps de te réinventer, toujours. 

il y a le décollage et l'atterrissage, bien sûr. entre les deux : demore. beaucoup d'apesanteur. des instants où ni les mains ni les pieds ni les yeux. plus rien n'est au monde !
somnolence volée partout. plein d'images en tous sens. impression désormais vague. la ville est basse et tranquille. bonheur des balades toutes simples, à bicyclette.

derrière cette façade, par l'étroit hublot de la conscience, on discerne vaguement une intention pure. l'atonie a rongé le reste. de la tour unique, passive, féminine, dissoute à l'horizon, ne reste qu'un porte clef, sosie ridicule. les pays, les paysages défilent. dans les grandes plaines de l'ennui quelques nymphes s'égaillent en piaillant, tchip thcip tchip pourchassées par de féroces lapins...


il faut du café ! on boira tous les cafés qu'il faudra. les bons, les amers, les ratés, les aqueux, au filtre, ou espresso. celui de la Hellem. mâchant et recrachant nos contemporaines capsules d'aluminium.
tout ce qu'il faudra pour survivre au temps du rêve, s'imposer une conscience minimale à ce monde des-errances !

voilà.
je m'étire,
je pense ouille, je pense chouette
je pense à toi, Paris... subrepticement ces excursions se font de moins en moins voyage. on s'invente l'impesanteur par le jeu des disparitions à haute fréquence. voyager devient... secondaire ? tertiaire ! inutile.
ce ne sont plus désormais qu'intermittences, ailleurs. apparitions fugaces. empreinte sur la trame d'une lointaine caméra de surveillance. preuve d'achat au duty free. trace d'un appel en indicatif exotique. l'étranger !!!!
voyager me préoccupe. je me souviens de ces incursions dans l'ailleurs. sourire triste sur fond de paysage lunaire. pratique d'un autre temps. désormais, balayer prestement l'essentiel : apparaître, être, disparaître. être au monde. être peut-être. ainsi soit-il !


___
Les rues se font désertes et deviennent plus noires.
Je chancelle comme un homme ivre sur les trottoirs.
J'ai peur des grands pans d'ombre que les maisons projettent.
J'ai peur. Quelqu'un me suit. Je n'ose tourner la tête.
Un pas clopin-clopant saute de plus en plus près.
J'ai peur. J'ai le vertige. Et je m'arrête exprès.

1 commentaire:

  1. Tchip tchip tchip, pourchassées par de feroces lapins...

    Comme toi, j'ai essayé de lutter de toutes mes forces contre l'oubli. Comme toi, j'ai oublié. Comme toi, jai désiré avoir une inconsolable mémoire , une mémoire d'ombres et de pierres.

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