vendredi 28 octobre 2011

AF2305 - 24 octobre : Nous avons tous été ceux qui partent et ceux qui restent

9h30, émergence
la fatigue est encore là et quelques lambeaux de nuit aussi, le combat continue contre un oreiller, une princesse me mord le tibia, un avion chute interminablement sur le dos, impossible d'y voir clair, ni écrire intelligible, je referme les yeux.
 

10h30, deuxième tentative
tout entier dans le bain de ma sueur alcoolique et la tête tourne ou bien c'est le paysage, rien n'est stable, ni l'horizon artificiel, pas même les draps, les chiffres du réveil sautent et changent de place, mais dix heures trente quand même, de la rue monte la rumeur des clients à l'assaut de la boulangerie cris chocs pleurs et bruits de dent sur croissant sans défense.
Un pied sur le sol me dissuade, me dit doucement, là, tout doux, retourne au chaud. Ferme les yeux.
Alors je referme les yeux.


11h30 déçus de l'efferalgan
ne croyez pas aux sirènes du dextropropoxyphène. Ça fait pareil la douleur s'en fiche, le temps passe et midi approche. A ce stade il faut choisir quelque autre mauvais remède, ou garder le lit pour toujours. J'en tente un, pas commun. Dans le doute, plaquette entière, donnons leur chance aux empoisonneurs.
Puis me jette un mauvais futal, coince deux trucs dans un sac. La guérison est au bout de la rue, tout de suite à droite, Montorgueuil, puis au fond du vestige des Halles droit vers les pistes, vous pouvez pas vous tromper

20h30 Rome
A la pizzeria le vieux patron se jette sur une cliente qui allait payant, partant. Saisissant sa tête à deux mains, il l'embrasse. Dans le silence qui suit, ma tête, toutes les têtes, et tous les yeux de tous les gens, fermés, vivent comme une pause dans le rêve, revoilà la chambre, le lit : la journée tourne en boucle. 


Je rouvre les yeux. Rome est toujours là. Cligne à nouveau, longuement, et l'avion, d'un grondement, m'emmène. 
Dans ce retour comme par erreur, quelque chose est arrivé.
Un long ruban d'asphalte a guidé la Goldwin vers un bureau. 
Où j'écris. Efface. Écris. Efface. Et recommence. 
Ce quelque chose est récursif et envahit le système.
A ce bureau planté, le silence raisonne. Plantés moi et tous mes camarades de plantation, ceux de New-York Kennedy, de Montréal, de Los Angeles, de Washington, d'Atlanta, de Tokyo Narita, de Abu Dhabi, de Pointe Noire, de Douala, et chaque heure la liste d'annonce, le programme, mon banquier, les grévistes, tous ensemble enlatinent une vilaine ritournelle d'avion tombés des étoiles. Paris t'a avalé, Paris les a tous avalés!, et je vais vous rejoindre...
Et moi qui cours après
Et moi qui cours après au milieu de la nuit
Mais qu'est-c'que j'lui ai fait?
___
Le titre, à l'origine destiné à un voyage sur rails, a été lâchement subtilisé à aspirine.

3 commentaires:

  1. Hey, ca va pas? on comprend tout...On n'a plus le droit de rêver ou bien ?

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  2. Les déçus de l'efferalgan, ça sonne un peu comme les naufragés de la Méduse.

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  3. Alala. Tous ces commentaires. 2 !
    Ne seraient jamais arrivés si on tenait ferme la bouteille et brouillées les pistes grammaticales. A mort le sujet-verbe-complément !

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