lundi 9 mai 2011

AF 833 - 9 mai : l'urgence de la mort

Liste de numération de l'hémogramme, liste des constantes initiales, liste des gens à prévenir, liste des amours d'une vie, liste des frères des soeurs et des autres, des riens, liste blanche que lit un aveugle, et qui n'en distingue qu'une surface uniformément noire, noire sur fond noir, et si ton nom était écrit dessus ce serait pareil
Il y a des listes... je ne sais pas.
Pour celle-ci je suis l'aveugle et Olivier a les yeux ouverts
je crève de froid et tousse, mais rien désormais ne le fait plus frémir
Vacherie de vacherie ! Satanée imposture !
On m'avait dit : quand tu es loin faudrait rester distant
sinon gare au loup, très rare dans ces contrées, car le serpent les a tous mangés, du coup il dort fermé à point on s'amuse à lui taper le ventre pour faire japper Milou, éh!, mais comme la knife policy interdit les bouts pointus, pas moyen de te sortir mon brave, ni les loups, qui sont rentrés dans Paris, comme chacun sait ?
Et si c'était une nuit
Comme on ne connu pas depuis,
Depuis cent mille nuits.
Une nuit de fer, une nuit de sang,
Une nuit, un chien hurle.
Complètement avalé, avalé par la surprise, par l'urgence de la mort, saisi par le manque de pulls, qui sont presque rien comme une peau qu'on arrache, et ma chair, pétrifiée, arrachez aussi!, arrachez tout!!, vous serriez surpris : quand il n'y a plus plus rien -que les os, et de l'air autour!-, le festin commence et le sage prend la parole, sagement :
Même si nous ne mourrons pas tous, nous serons tous avalés, et cela instantanément, en un clin d'oeil, quand retentira le signal, au dernier jour...



Garce, ma jolie garce, compagnone de tous les ailleurs. Et du retour... On est là comme deux cons, saisis par l'urgence, donc.
...Et la douceur des longs crépuscules de printemps.
Pour l'accord, mes tripes se révoltent décident de jouer très fort une partition sévère de pets!, crampes!, ouille!, dévident tout et le reste jusqu'à plus rien.
Élancement du corps en peine, vertige du poisson propulsé dans mes tripes dans les airs, fièvre folle dans les water closet du 330-200.


Au final l'avion colle ses grosses lèvres sur la passerelle en F7, s'ouvre et dégueule sa foule bigarrée. Vlan. En tout dernier, à reculons, je me traîne vers la supercherie. Nous voilà rendus, pied et main rendus à nos destins parisiens.

Dans les couloirs carrelés un barbu multiplie les poëles, un peu inquiétant, c'est mon humeur peut-être, la mort du mec, les bombes afférentes?
Je ne comprends plus goutte au sens parisien, trouve partout à y redire. Regarde l'herbe entre les pavés et elle est rance et jaune et le champagne tourné. De la parisienne ne subsiste que le masque d'une affreuse suffisance, le regard vitreux ni quiet ni steady*...

Là-bas en arrière je sais l'Afrique toute entière mienne, ayant trouvé le secret de l'immobilité, pieds dans le fleuve
j'ai fait un trou au sol pour y planter ma verge
alors, tout le continent vibrait de notre amour.

La nuit même un jeune homme
fruit pur du continent
regard fiévreux, inquiétant,
voulait que je lui jure amitié éternelle
et lui offre une canette de coca.

Dans ces quartier où pas trop de blancs vont se perdre, pour pas dire, aucun!, je pose mon derche - ouvre ma boîte de sardine - le silence se fait - le ciel s'ouvre - dieu vient partager le pain et saucer l'huile au fond de la boîte en me serrant les épaules. Sympa-fichu-tapeur, lui aussi.
On finit sardines marocaines et biscuits turcs, en admirant ce pays qui ne fait rien, attend la manne, savoure la misère, pourrit doucement sur la branche du continent en savourant la fin du stock d'arme, en attendant la prochaine guerre.

(*: mais ouf il y a des parenthèses partout, il y a des parenthèses sublimes, il y a des parenthèses place Voltaire, il n'y a plus rien, que des parenthèses qui nous y retiennent)

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