lundi 10 mai 2010

AF 225 - 10 mai 2010 : First Customer?!

Tout commence dans le bus.
Ni impérial, ni rien : normal, le bus, un bus, quelconque comme un A340-300
des roues une caisse un toit, conformément à la réglementation vigoureuse "veuillez attacher votre ceinture" - "please fasten your seat belt"

Tension du sol gratterie de la main, un filet de sang envahit la ligne n°1 - JAUNE : la Défense, château de Vincennes - du 3ème au 4ème centimètre celle là et pas une autre, eh tiens, comme par hasard
3, 4, 1, tu vois, 3.14, hein
ni candide ni superstitieux puis mais soudain les idées comme le derviche s'effondrent les pieds coincés dans la robe - manger la bague en Or blanc certifiée Tati! Recracher les dents chinoises!

Hémostasie à la rescousse j'aborde alors ma trop avenante voisine

teint halé chapeau trendy
quelque chose comme un cheveu blond


- En Australie tout est so formidable !!!
et l'entends m'expliquer qu'on y trouve tout, chapeau en toile de jute, choses et autres, pis même, une femme, une femme ?
- Une femme, je lui demande, une vraie?, avec des bras des jambes et tout
- sisisisi, trop in love

Ah ça. Là bien sûr que je me suis senti tout penaud, avec ma boîte de thé gravée d'éléphants, mes quelques images tremblées, resouvenirs, entrelacs de tabous et mémoires refoulées, trop d'immatériel ou d'objet, pas de vivant palpitant comme je sais pas, quelque animal mythique, l'os massif, sauvage au nom plein de tirets et particules, maillot de bain 2 pièces, qui mange change de couleur et recrache.

Petite réussite, taire ma collection personnelle, victoire commune du voyageur des Indes, la myriade de parasites et micro-organismes qui évolue dans mes chairs, applaudit en silence

anopheles gambiae, coccidiose, schistosoma haematobium, giardia lamblia, amoeba histolytica

Le voyageur venu indifférer compulsivement entre deux volutes de cendres
apprend l'expérience de la vie kaboulie par osmose tangentielle
et subit à n'importe quel prix son premier cours de laisser filer
cours des valeurs : tenir à quelque chose - care somehow - care for someone ?

Et pendant que cette femme couleur de suaire somatise quelque bouillon de culture accouche les torrents de bile que par amour elle subira encore, jamais!, sans broncher?

Miracle des fortes chaleurs les dernières idées carbonisent. Retour à la pure cavitation spirituelle, et au plaisir d'ingérer le par ailleurs

lassi, golgape, puri, paratha, idli, dosa

Retour au corps - je me déshabille entièrement
slip cubain
chemise poubelle (on voit les poils au travers) d'une mauvaise enseigne, faubourg Saint Antoine
chaussettes de 100 jours
costard fatigué du-mont-Fuji

avant d'entrer dans la piscine d'air brûlant
boire à petites lampées des verres de crème
et de sucre
derrière lesquels parfois, saveur de larme
je détricote le récit de 10 années d'absence

C’est la conclusion de mois d’attente, d’un long isolement à Aranda, du fracasseau partout présent qui me garde isolé, sans amis, sans amour, dans un village du fin fond de la Castille.
Un poignard ; à partir de cet instant se sont arrêtées les vacances.
Après quelques heures de silence, j’ai commencé à chialer, comme un con.

Il faut dix ans et quelques gorgées d'eau minérale croupie pour
retrouver la stase d'une mémoire refoulée
alors jour après jour
admirant hypnotisé l'évolution insensée de mes selles, j'imagine

Du 1er voyage toute la mémoire était refoulée
Notre Progrès Garanti, au 2ème : seul le nom de l'hôtel restera tabou
voilà tout l'art de la malhonnêteté intellectuelle!
Eriger un dogme qu'on diluera soigneusement : la veille, toujours, la veille !
En écrasant bien, sur les bords, par petites pressions de la spatule en hètre. Eliminer les grumeaux : here is the luxury hotel

mais quel besoin incroyable a Légens cossu de s'isoler du réel
s'inventer un monde où tous vous donnerons du Sir
en livrée ganté sari sans faux pli

"Chère Maman. Ici tout va bien. Air climatisé, piscine, fraîcheur.
Je m'amuse avec mes amis. Bisous."

Le dimanche maudit. La solitude en poudre dans mes veines. L’ordinateur ronronne, j’ai deux fleurs déshéritées qui bientôt pourriront sur la table. Quelques cédés, un petit bordel, un silence un peu lourd rythmé par le bruit du clavier. Je l’aime, je la déteste, je me fais chier. Je suis triste.

A la Grande Mosquée où j'ai dormi
la chaleur m'a écrasé, le sommeil, empoigné
et l'enturbanné s'est penché sans bruit
m'a léché les yeux, pourquoi ouverts ?
ça m'a réveillé - j'étais seul avec tous les pélerins

Au final, on voyage pour savourer l'absence
et c'est l'absence qui nous savoure
et le bruit des klaxons
et la poussière qui est partout !

j'ai réglé tout ça d'un coup tordu à ma manière
250 roupies de chouquettes jetées sur la table, les fauves se jetèrent dessus, j'épaule mon truc du chasseur qui fait 'ploum ploum ploum' alors que les démons s'effondrent et font la paix avec cette mémoire perdue, et cette promotion de l'impossible...

Voilà : Du recul. Bien formulé.

Voilà. C'est du recul bien formulé, le nihilisme le scepticisme la solitude ou quelque chose d'autre, tout bien vu et rapporté à ses proportions, le microcosme et ses vaguelettes on va pas en débattre cent sept ans. J'ai été en Inde où il ne s'est rien passé. Je n'ai pas sodomisé madame Victor ni le moindre poisson d'un nom quelconque pas pris de drogue pas vu de paysage pas eu la chiasse ni pleuré ni saigné. Ce n'est plus la version officielle, c'est ma version à moi ; c'est refoulé.

et la ligne n°1 guérit...
- C'est tout ?
- Bin ouais. C'est tout.

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